3h30 réveil pour moi, hier c’était à 2h30 il y a eu une seule fois où j’ai dormi jusqu’à 5:20. J’ai pourtant pris hier le xanax. Je me lève à 4 h c’est mon moment à moi dans deux heures la journée commence, avant ça je prends mon café, je bouffe deux chocolatines, je fume des clopes je nourris le chat qui vient me faire des câlins, j’écris, je pense à moi, mais cette nuit alors que j’étais levée depuis 20 minutes j’ai entendu « bibiche ? » de sa chambre. « Je suis réveillée j’ai fini ma nuit » je vais la voir « maman il y a Régis dans la chambre qui dort, je vais pas te lever à 4 h laisse moi du temps pour moi merde » insupportable j’en peux plus « oui mais j’ai fini de dormir » « s’il te plaît laisse moi du temps pour mon café,mon petit déj! » et j’ai refermé la porte de sa chambre. Tais toi. Je suis en train de péter un boulon, je veux paris je veux mon chat mon quotidien, je veux plus préparer les médocs de maman et Régis, leur faire à manger, j’en peux plus du tout. La fin est en train de devenir sale, je supporte plus les amis qui disent qu’ils partent en vacance à telle date alors si elle pouvait décéder avant ou après ça serait mieux c’est ça le sous texte, « est ce que tu crois qu’elle sera là encore le 17 septembre ? » Putain mais non arrêtez je veux pas qu’elle soit là le 17 septembre comme ça enfin encore pire même , et tant pis pour les vacances en Italie où Espagne je m’en branle, qu’on me dise que telle personne doit être prévenue du décès et venir à l’enterrement, alors que je respecte ses volontés à elle, qu’on me dise qu’il faut que je change la chaudière, qu’on m’accable déjà des décisions prises par elle, que je n’autorise plus les visites, je ne veux plus rien entendre plus rien supporter, c’est trop dur je n’ai plus de seins plus de fesses même à travers le tee shirt on voit mes côtes je suis exténuée je n’en peux plus de lui torcher le cul de mettre des couches, de laver, d’habiller en faisant attention au bras droit paralysé, de laver les lunettes, de mettre de la crème, d’être ses yeux ses oreilles ses bras ses jambes sa tête. J’ai l’impression que ça fait 3 mois que je suis là, hier Régis m’ a dit « prends soin de toi tout repose sur toi, absolument tout » pas de frère et sœur, pas d’oncle et tante pour aider, pas de mec c’est moi et moi seule.
Moi j’ai envie de baiser, le maire, n’importe qui, le fils du maire, un paysan je m’en fiche, en mars quand son docteur m’a dit dans « 3 jours ta mère c’est fini » j’ai eu aussi cette pulsion de baise énorme, c’est quand la mort est là que moi j’ai besoin de cette vie à fond, de décharger. Il faut préparer le petit dej de maman, du café, du Brossard les médocs de maman, 6 cachets de cortisone, des médocs pour les anévrismes, la thyroïde, l’épilepsie, la douleur, il faut préparer le petit déj de Régis 2 bols de thé, du pain de la confiture préparer les médocs de Régis elle va partir et je m’en voudrai d’avoir pensé ça, je le sais. Les moments positifs sont -étaient?- très forts très beaux mais les moments négatifs sont proportionnels, ils sont insupportables, elle serait partie d’un coup j’aurais pas vécu ces 6 mois, ces 19 retours en Charente, y’a des choses qu’on aurait pas pu se dire là j’ai tout fait, chaque situation a des avantages et inconvénients je n’arrive plus à voir le positif, elle est bourrée d’anévrisme, a fait des AVC en 6 mois, a un cancer généralisé, le cerveau rempli de métastases et œdème, le cœur trop faible qu’elle parte putain c’est trop. A 7 h l’aide soignante arrive , il est 6h05 je lui donne sa cortisone ça y est son visage est glacé.
Soyez le premier à commenter