Fidèle à elle-même

Elle est pas fidèle, un jour fièrement elle a lancé « BEN MOI JE SUIS FIDÈLE EN RIEN MÊME PAS A MON PARFUM » à des gens, je crois à sa connasse de sœur. J’espère à sa connasse de sœur. Elle a toujours trompé mon père, je le savais je voyais bien que y’avait 2/3 hommes qui venaient régulièrement. André que j’aimais pas, son premier amour, dés qu’il me voyait il chantait la chanson « emmanuelle », ultra lourd. Bernard C. un super beau mec, aventurier photographe, un genre de Bernard Lavillier et Indiana jones il avait des santiag. Avec ces hommes ils parlaient avec des non-dits mais moi je me disais « ils doivent faire l’amour ensemble berk » j’avais trouvé des capotes à 10 ans. Et puis y’a eu Régis mon préféré, le kiné de ma ville. Il l’a rencontrée grâce à moi je crois je m’étais pétée un truc à 5 ans. Régis a toujours fait partie de ma vie il passait à la maison prendre un whisky mon père à côté en train de taffer. Bien fait pour sa gueule. Peut être même qu’il serrait la main du daron. Parfois mon père disait à ma mère « ah j’ai croisé Régis en ville! »

En fait ma mère ne finissait aucune histoire d’amour elle continuait à vie. Elle rajoutait des hommes je crois. Toute la vie Régis a envoyé des cartes, dès qu’il allait passer un we à Paris ou en Savoie, une carte avec parfois 2 mots. « Je t’embrasse ++ ». Sans enveloppe souvent, mon père pouvait tomber dessus. Ils s’en fichaient. Qui était Régis? Il n’était ni l’ami ni le mari de maman il était celui qui m’emmenait au festival de la BD d’Angoulême quand j’étais petite, et puis après il est devenu celui que je voyais parfois à Paris quand il venait, on allait à Beaubourg ensemble, on prenait un café, il était Régis tout simplement. Mais jamais on n’a parlé d’eux. André est décédé, Bernard C. est toujours fourré au Cambodge, en Italie, au Pakistan pour prendre des photos, Régis a toujours été là. Pendant quelques temps ils se sont pas vus, un jour Régis a frappé à la porte elle a ouvert elle a été émue j’étais là je l’ai vu, mon père encore à côté, elle a dit : « viens on prend un verre » ils ont sûrement remis le couvert. Parfois on croisait « par hasard » Régis au manège à bijoux de Leclerc, souvent en fait. Il y a 10 ans Régis a fait un AVC et un anévrisme il s’en est remis même s’il a été diminué, Il est venu voir maman tout le temps depuis mars à faire 100/200 bornes suivant où elle était. Lundi Régis est passé me voir, maman n’était pas encore rentrée à la maison, je l’avais pas vu depuis 10 ans il était diminué mais bien, il a 75 ans, il ne fait plus de parapente, il voulait voir la robe que j’ai achetée à maman pour son départ, je lui ai dit « c’est une robe très bernadette Boutinon dans les années 90 » il m’a dit « je peux la prendre la robe? Là toucher ? » il a pris la robe dans ses bras il a pleuré il a dit :« elle est parfaite c’est tellement elle » et j’ai posé la question, enfin 30 ans après : « vous vous êtes aimés non? » Régis a dit : « c’est ma plus grande histoire je l’aime encore même, ta mère c’est un monstre de femme » et puis il m’a raconté leur « dizaines de ruptures tu n’imagines pas mais à chaque fois elle venait frapper à ma porte » là il a passé l’aprem avec elle à l’hôpital « on vient de se dire qu’on a eu tellement raison d’en profiter, de tromper nos conjoints on s’est tellement aimés et toi tu venais me faire la bise quand je venais juste voir ta mère car je l’aimais trop, même si ton père était là je passais faire un coucou, je savais que tu savais, ta mère non, elle me disait « Manou elle doit pas savoir » mais même si tu avais 10 ans tu voyais tout, elle ne t’a rien caché, elle n’a juste rien dit et toi non plus tu n’as jamais rien dit »

Et il y a toutes ces cartes de Régis gardées à côté de photos ou les aquarelles qu’il lui faisait, Regis repasse vendredi « avec un fraisier et des clopes » il fera 100 km encore pour venir la voir. En pleurant il m’a dit que maman lui avait dit qu’à partir du 1 er septembre il n’y aurait plus de visite juste elle et moi, je l’ai rassuré il pourra venir quand même, j’interdis l’accès aux charognards, ceux qui ont un ADN commun avec moi, ceux qui feront chier je le sais. La connasse de sœur. Régis aussi la déteste. Mais il est là Régis comme Bernard C. qui m’a appelé en pleurant l’autre jour dans le TGV en disant « on s’aimait y’a 44 ans elle est devenue mon amie, mon amante, mon amour, elle est même amie avec ma femme » et qui m’appelle « ma ptite chérie » ou « ma ptite cocotte » ou « ma ptite puce d’amour » alors que je ne l’ai pas vu depuis 20 ans. Est ce qu’il y a quelque chose de plus chouette, de plus beau que ça? Que les hommes de sa vie soient là, 30 ou 40 ans après et chialent en me parlant de « doudou » ? Non y’a rien de plus beau. Elle m’a dit qu’elle voulait que Régis, Bernard C. fassent un discours « ils écrivent bien » A l’église moi j’hurlerai ma haine, mon amour et que heureusement elle n’a jamais été fidèle même pas à son parfum, mon père ne sera pas présent mais Bernard C. et Régis seront là, et ça sera magnifique peu importe les coincés du cul, elle a profondément aimé et été aimée, toute sa vie elle a été amoureuse.

Début août lorsque je suis venue lui annoncer qu’elle ne guérirait pas elle m’a dit « tu sais j’ai compris y’a quelques semaines seulement que plus jamais je n’aimerais un homme je suis conne hein? ». Toute sa vie elle a été amoureuse mais c’est moi qu’elle a le plus aimé elle me l’a dit « c’est toi la plus mignonne mon amour » 

M Écrit par :

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.