10 minutes

Voilà l’histoire que je comprends à travers les mots depuis deux jours :
Y’a une soirée sur une péniche, vers la fin Lounes dragouille des zoulettes, les victimes veulent intervenir / se moquent de Lounes, Macela son frère arrive pour le défendre, quelqu’un dit aux victimes « tu te la racontes PD » ( Lounes ? Macela ?) il y a aussi Hervé et Mothir qui sont déjà là car Hervé a parlé de la soirée, au moment où ça commence à crier fort, la bagarre commence et l’un des agresseurs (lequel?) téléphone à Merlin et Kouao comme renfort, Kouao met 12 coups de casque à Nicolas. 6 agresseurs, 3 victimes. 10 minutes. 10 minutes et 9 vies directes de gâchées, 10 minutes et combien de vies indirectes touchées ? 10 minutes où l’alcool, le groupe, la violence, l’ego, la virilité prend le dessus. 10 minutes et tout bascule, Nicolas a été dans le coma entre la vie et la mort, il ne peut plus fermer la bouche, il vient de subir une transplantation cardiaque on ne sait pas si c’est en lien avec son agression ou pas pour l’instant. Il y a les deux frères victimes et les deux frères coupables.


Je parle avec les flics, un rituel, je leur parle du procès des attentats ils sont interloqués lorsque je leur dis que j’ai eu tellement de compassion pour les accusés, mais les flics sont ravis quand je leur dis que j’adorerais passer 6 mois dans un commissariat et raconter la vie là-bas, je leur dis même « je veux passer Noel avec des flics ». L’audience commence, Hervé finalement va avoir droit à une enquête de personnalité on apprend pas grand chose il a deux sœurs Tracy et Jennifer il écrit il aime la littérature il a une sensibilité artistique, je regarde Hervé il est pile dans mon axe de vision, il est stoïque et sérieux, derrière lui Merlin me fixe. L’enquêtrice de personnalité dit des phrases comme : « Dans les cités les jeunes meurent jeunes bon ça veut rien dire  excusez moi » ça dure 30 minutes à peu près et enfin la police arrive !

A la barre il y a un directeur d’enquête : « 5h43 l’enquête commence, suite à un appel à police secours des policiers arrivent sur les lieux et constatent que Nicolas et David sont au sol, un témoin ami des deux frère Sid Ahmed désigne Macela et Merlin qui sont interpellés à 5h50 pour violences aggravées, Nicolas est en urgence vitale absolue et est transporté à l’hôpital, en regardant les vidéos on se rend compte que les violences commises sont beaucoup plus importantes et il y a une requalification des faits en homicide volontaire. La tante des victimes Sabrina était l’organisatrice de la soirée elle est entendue par la police elle dit que les agresseurs étaient à la soirée à la table du patron de la péniche, table réservée au nom de « Rico », [surnom de Kouao]  David [victime] était serveur à cette soirée, il avait un habit exprès et s’est entendu dire  tu devrais pas être là habillé comme une tapette  Lounes et Mothir s’embrouillent avec des filles et la tension monte, une pluie de coup commence, David ne se souvient de rien il se souvient juste qu’il entend  tu te la racontes PD  et après de s’être réveillé à l’hôpital, Nicolas quant à lui n’est pas entendable. On voit que Merlin met un coup de poing à Nicolas, quand on interroge Merlin il ne sait pas que nous avons des vidéos, aussi il dit qu’il était juste curieux de voir la bagarre, quand nous lui présentons les vidéos il nous indique ne pas se souvenir qu’il a donné des coups. Après les faits Macela et Merlin sont déférés il nous reste 4 personnes à identifier, on sait juste qu’à la soirée il y avait un frère de Macela, Lounes est identifié, c’est lui avec la veste kaki et le crâne rasé. Par un concours de circonstance on a un gardien de la paix qui a passé 8 ans à St ouen et il identifie Kouao sur les vidéos, Mothir est identifié plus ou moins de la même façon, on montre les vidéos à des policiers de st ouen et le soir même Mothir est contrôlé il a une plaie au coude : c’est lui. Hervé quant à lui est identifié grâce à une plaque d’immatriculation c’est un VTC on contacte l’entreprise on a tous les accusés » pensant que le directeur d’enquête témoigne les accusés baissent souvent la tête, Kouao il ressemble a Steve Urkle en vrai avec ses grosses lunettes, le flic nous dit qu’on va voir les 6 vidéos de la bagarre. Le policier nous dit que malheureusement on ne sait pas l’embrouille initiale avec les jeunes filles elles n’ont pas été retrouvées. Le directeur d’enquête est interrogé sur l’homophobie des accusés, il est dit que à priori : « les pd et tapette sont dit comme des insultes banales, aucun accusé ne comprend la qualification d’homophobie. »


Le procureur prend la parole, en garde à vue Kouao a refusé de parler pendant 48 h il veut savoir ce qu’en pense le policier : « Ce n’est pas si fréquent quelqu’un qui ne dit strictement rien en garde à vue, mais de ma propre expérience quand quelqu’un ne me parle pas il’ parle au juge d’instruction juste après » le procureur évoque le patron de la péniche et la femme de Macela qui refusent de parler de Kouao par peur des représailles, le procureur continue : « On est d’accord que Hervé fait les poches de Nicolas ? Hervé fouille les poches de quelqu’un qui est dans le coma c’est ça ? C’est agréable » le procureur ne lâche rien, il pense que les insultes homophobes ne sont pas dites innocemment : «  Les insultes ça commence en soirée sur la péniche on dit à David qu’il devrait pas être habillée comme une tapette enfin on peut s’habiller en paillette on est en démocratie ! Bon j’ai fait le décompte moi je vois que Nicolas se prend en tout 24 coups c’est une bagarre ou c’est une agression moi je ne veux pas parler de bagarre mais vous  ? » le directeur d’enquête : « C’est une agression. C’est une agression. » Allez 20 ans pour eux, les jurés viennent d’écrire ce que le policier a dit. La police explique que Nicolas se prend 2 coups de casque debout, il tombe il en reçoit 10. Un avocat défense demande si pour le policier c’est une agression ou un régalement de compte ? Le policier répond : « Une agression. Quand y’a une bagarre on s’arrête là c’est une agression, Nicolas tombe à terre inconscient et on continue à taper et à s’acharner ». L’avocat d’ Hervé demande au policier ce que Hervé dit en garde à vue pour avoir fouillé  des poches : « Hervé nous dit qu’il fouille les poches et réalise ce qu’il est en train de faire il arrête » Une pause est demandée Lounes doit aller faire pipi, pendant ce temps-là le procureur bouffe des gâteaux, fait des imitations de bourgeois et rigole tellement. Lounes revient il prend de la ventoline.


L’audience reprend c’est un nouveau policier qui parle beaucoup moins naturellement que le précédent ils ont juste tous les deux des jeans taille basse leur seul point commun. Ce policier  a analysé les vidéos, il parle aussi de témoins de la scène qui disent « la victime était en train d’être tabassée  à mort, il suffoquait, il s’est effondré il était en train de mourir sous nos yeux »  on va voir les vidéos il y en a 6. Les vidéos montrent l’agression, ce qu’il se passe avant et après, lorsque l’agression commence Mothir et Macela sont à quelques mètres, en retrait, on voit un accusé revenir exprès avec le casque puis un coup de casque sur Nicolas, un deuxième coup de casque sur Nicolas, Nicolas tombe. Troisième coup de casque, quatrième… dixième coup de casque, onzième coup de casque, douzième coup de casque,  boom boom boom bomm c’est long, c’est fort le bruit du casque qui touche une tête. Une pastèque qu’on éclate sur le sol sauf que c’est la tête d’un homme. L’effet des vidéo est dévastateur ils sont à 4 sur Nicolas, le Président qui n’avait pas vu deux des vidéos lève les sourcils après visionnage. Les parents de Kouao sont dans la salle, ils voient leur fils taper taper taper 12 fois.

Une vidéo montre aussi David recevoir des coups de casque, puis le Président lit un rapport de 30 pages sur ce qui a été vu sur les vidéos, je m’éclipse pour aller faire pipi j’ai tellement marché que j’aurais dû aller directement à Chatelet. Je reviens la pause est annoncée il est 13h30 c’est super tard.

Au retour d’audience ça dragouille du côté du proc’ « et vous vous mettez du sucre dans le café ? » une avocate : « Non j’ai arrêté j’en bois 18 par jour mais sans sucre », l’avocat qui me parle depuis hier me demande mon avis « en tant qu’experte » qu’est ce que je pense de tout ça ? Est-ce une bagarre ? Est-ce qu’ils ont voulu tuer ? Et ils sont homoophobes ? Je lui dis mon avis, et aussi que les coups de casque en vidéo c’est vraiment pas bon du tout pour les accusés, lui et moi ne croyons pas vraiment à l’accusation d’homophobie (d’ailleurs ça n’a pas été retenu par la cour) il conclue : « Oui ils ont dit ça comme on dit grosse pute je pense…sans être une grosse pute ! » il parle comme moi, un roman d’amitié commence.

David et Kevin sont là, ils vont témoigner cet après-midi, entre eux et les accusés il n’y a aucun regard d’échangé. Une médecin légiste vient à la barre elle va parler très longtemps des blessures des trois victimes, elle confirme que si Nicolas n’avait pas été pris en charge très rapidement il serait mort, Nicolas vient de subir une transplantation cardiaque mais « on ne sait pas si c’est lié à l’agression ou pas, on peut juste dire qu’avant l’agression il n’avait pas de problème au cœur » « Je le plaiderai pas de toutes façons » dit le procureur.

Kevint vient à la barre. Il raconte « la super soirée » il raconte les filles qui se font embêter, il dit alors à Lounes et Mothir que la soirée était bonne c’est bon pas besoin de se prendre la tête et « Lounes et Mothir ne sont pas agressifs mais…les choses se compliquent leurs copains arrivent, la violence est arrivée sans motif, Nico est encerclé moi je veux y aller, je suis empêché par quelques individus ici présents et je suis frappé je peux pas aller prêter main forte à mon meilleur ami, je m‘extirpe un peu et je tombe dans des escaliers et c’est là que je me brise les deux chevilles, je peux plus être stable sur mes jambes, j’arrive à remonter je sais pas comment et David est à terre et Nico aussi et inconscient, sa tante est là à son chevet voilà la stricte vérité c’est une agression pas une bagarre par les hommes ici présents, en confrontation j’ai vu Mothir il a pas su me dire pourquoi ils nous ont agressé, j’ai pas pu prêter main forte à mon meilleur ami si je l’avais fait…il a pris 12 coups moi j’en aurais pris 6 je me serais allongé sur lui, moi j’ai deux enfants j’ai vu que des accusés avaient aussi des enfants j’ai pas les mots, c’est pas les valeurs que je donne à mes enfants. Nico il peut plus travailler, il ne peut plus faire ce qu’il voudrait faire pour sa femme et sa fille, il n’est plus le même on s’est éloigné malgré nous. L’agressivité elle vient pas de Mothir et Lounes elle vient quand le groupe se forme, honnêtement Mothir c’est le seul dont je peux accpeter des excuses après il était avec eux quand on m’a empêché, je pense qu’il a suivi. Du procès j’attends la justice, des dédommagements, une punition.

David arrive à la barre, il est immense, très classe et élégant, Laurence Fishburn dans Matrix, il dit : « Je me suis mangé un coup dans la tête et je me suis réveillé à l’hopital » il raconte la soirée un peu avant où il était serveur et où il portait des louboutins et des vestes paillettes, il dit ne pas avoir ressenti d’homophobie pour lui les insultes étaient « comme ça », il était conseiller en image mais « j’ai pris 20 kilos je ne peux plus faire ce métier » il se sent coupable d’avoir invité son frère à cette soirée, il n’a pas pu regarder les vidéos, il ne voulait pas venir ici, il dit : « Je ne regarde pas les accusés je ne veux pas voir leur visage » et il parle un peu de son « frère jumeaux monozygote, on était habillé pareil jusqu’à 12/13 ans par ma grand-mère » la grand-mère est dans la salle elle a les larmes aux yeux et moi je pars.

M Écrit par :

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