La terrasse parisienne et pablo mira

Paris libérée, Paris déconfinée, enfin Paris et ses cafés après 3 mois de fermeture sont de retour, avant de revoir mes potes je me fais un petit café sur les quais de Seine, il fait 30 degrés ici, le ressenti est de 70 et surtout les gens gueulent comme d’hab et ça c’est chouette. Bien sûr il y a de nouvelles règles, 1 m de distanciation entre les tables, le port du masque pour rentrer et se déplacer dans le bar et aller commander ce qu’on veut, après 3 mois d’attente les Français n’en peuvent plus ils ont besoin de se décharger, ils se retiennent depuis trop longtemps et ont passé un printemps quasi entier à ne pas crier sur un serveur et ça va pas.

Deux amis se mettent à côté de moi, ils ne se sont pas vus depuis le déconfinement vu que le garçon dit à la fille : « T’es TROP belle » en la voyant, puis tout de suite après : « T’es pas au courant de ce qui est arrivé à Emma pendant le conf? Attends elle a le coeur en 1000 morceaux ça ne va pas DU TOUT » puis le garçon réalise qu’il va attendre longtemps le serveur : « Merde faut aller commander au bar maintenant et en plus regarde ohlala (il montre mon café) les cafés sont servis dans des petits pots en carton, n’importe quoi.»  il va quand même passer la commande au bar à l’extérieur  et râle car la canette de coca est servie sans verre mais avec une paille : « C’est pas écolo putain! », un homme assez vieux se trimballe de chaise en chaise, il est au téléphone et on entend tout : « Oui devine où je suis? Bah ouais au café, attends devine les gars ils sont pas prêts hein, là je les vois mettre du scotch par terre pour délimiter des trucs attends mais oui ils font ça maintenant je te jure » effectivement les employés font ça et fusillent du regard le vieil homme qui ne bouge pas sa chaussure pendant que les pauvres serveurs tentent de scotcher les planches. Le couple d’amis reprend : « Moi j’ai rencontré quelqu’un pendant le conf’ sur snap chat , attends je te raconte » il a pas le temps car il éternue très fort et tousse et surtout il regarde autour de lui et nous dit : « J’ai des allergies rien d’autre!! » puis il demande à sa pote : « Putain t’as un mouchoir j’espère dis moi que tu as un mouchoir je t’en supplie! » sa copine lui donne un mouchoir, il fait : « Aaaaah » puis : « MAIS NON PUTAIN C’EST UN MASQUE CA »  du coup pas de mouchoir et une amitié entachée. Une vieille dame arrive, elle va amener le premier scandale post crise sanitaire, déjà elle est pas contente car elle est « installée et je vais pas me relever pour aller commander! », le serveur lui explique que : « C’est comme ça Madame », elle continue : « Et bien vous êtes là! Vous pouvez prendre ma commande! C’est nouveau ça c’est nous qu’on va commander et votre salaire je le touche aussi? ». 3h que le café a ouvert et le serveur n’en peut plus, je n’ai pas envie de lui expliquer que moi depuis 3 semaines au taff des gens me balancent des objets à la figure en me souhaitant d’attraper le virus lorsque je leur demande simplement de garder leurs masques, alors je compatis. Finalement la mamie va chercher sa commande au bar et voilà qu’on lui « conseille fortement de payer en sans contact », elle n’en peut plus : « Attendez c’est une dictature ou quoi??? » C’est un florilège de gens qui crient, je suis ravie,  le garçon qui a des « allergies » n’arrête pas de balancer des choses sur « les pigeons » comme il dit (en fait ce sont de petits moineaux #parisiens) sa copine lui dit : « Mais t’es un malade mental toi arrête c’est des petits oiseaux », lui, vénère de pas avoir de mouchoir ET de supporter des moineaux: « Non y’en a MARRE des animaux », une passante s’arrête et demande au serveur : « Quand est ce que vous allez mettre un service normal? Je veux revenir quand tout ça sera fini » le serveur lui dit : « Bah je sais pas Madame », le serveur roule des yeux, je lui dis qu’à mon taf les gens me posent des questions comme si je bossais au ministère de la santé, il en est qu’au début, il me regarde en disant : « Ah oui? » comme s’il apprenait qu’il avait le covid. Voilà mes meilleurs clients, mes chouchous! Des élèves du cours Florent (qui est pas loin), « enfin on se retrouve moi j’en avais marre de faire l’atelier théâtre  sur zoom », ils sont ravis et bruyants, ils veulent que toute la terrasse sache que « y’a Florent », chacun se donne des nouvelles ils sont 8/10 , une fille dit qu’elle : « en crève de pas aller au ciné », son copain poursuit: « Et moi alors? Je n’ai même pas pris le temps d’aller voir la performance monstrueuse de Lambert Wilson dans « De Gaulle » il dit ça avec des trémolos dans la voix, ce sont en fait des élèves du cour ouin-ouin, ils veulent une « petite salade genre tomate mozza » le serveur explique que : « y’a pas. Y’a pizza tomate mozza » alors ils disent  méprisants :« ok on prend ça » , ils sont pas contents, ils se demandent ce qu’ils ont bouffé pendant le confinement: « Moi j’ai pris 20 kilos » dit une fille ultra bonne, un autre: « Moi je sais pas faire à manger alors ça a été deliveroo midi et soir pendant 2 mois » on les voit ces pauvres étudiants fauchés qui se rêvent artistes maudits sans le sou, un autre :  « Je sais pas trop faire à manger j’ai acheté des petits pois et des carottes je suis un novice », ils ont dans l’idée de faire un court métrage mais ils ont pas de pognon, avant ça il y en a un qui dit: « Bon écoutez moi j’ai eu une idée pendant le confinement, j’ai contacté Pablo Mira je lui ai envoyé une idée de collab  entre lui et moi, sur instagram  il mettait des story , jme suis dit que ma fraicheur pouvait lui apporter un truc, j’avais une vraie bonne idée putain il a pas répondu! Il me laisse en  vu  c’est fou » . Le monde d’après est le même qu’avant : les français râlent et se la racontent, qui pouvait croire qu’un quelconque changement allait arriver. Ça continue sur la bouffe, un mec dit : « perso j’ai découvert les lentilles, tu connais? Et ben on parle pas assez des lentilles je trouve c’est hyper bon », lui il pourra ouvrir un « bar à lentilles  » si sa carrière d’acteur ne décolle pas. En vrai j’attends juste que Francis Huster se ramène et ça serait parfait. Il y a un mouvement de foule et les gens crient « IL Y A UN LOUP » tout le monde se lève (sauf moi-le stoïcisme-) les chaises tombent les gens sont en syndrome post traumatique des attentats car en fait un homme sur son vélo qui passe devant nous a un masque « loup » un masque de mardi gras quoi, mais les gens ont cru qu’on était dans « la purge », les élèves du cour ouin ouin saluent la performance genre Vincent Macaigne « j’y ai cru quand la dame a dit  y’a un loup ! ». Ils rient tous et on arrête de parler de lentilles, une maman arrive avec ses deux enfants elle veut : «  des glaces mais on veut les manger à l’ombre monsieur or les chaises sont au soleil que faire ?  »; l’homme dit : « bah oui mais bon il faut 1m entre chaque table » « Et bien on ira AILLEURS ADRIEN TU POSES PAS TON VELO ON S’EN VA » et elle s’en va, les gosses ils chouinent, bientôt de futurs élèves du cour ouin ouin. Un des élèves du cour Florent veut aller « pisser mais j’ai pas de masque », un de ses potes lui dit: « bah vas y quand même » le serveur qui a tout entendu comme moi explique que  : « Non, on met un masque dans le bar », l’élève du cour Florent, indigné, révolté : « Le masque est obligatoire pour pisser, la prochaine étape c’est la BURKA? » Rappelez vous nous sommes en dictature, Axelle Red pour un Paris/Kaboul s’il vous plait. Le futur comique de France continue sur Pablo Mira : « En fait j’ai proposé 300 euros de rémunération à Pablo (il dit « Pablo ») , et moi 600 j’aurais peut être du faire l’inverse non? C’est peut être pour ça qu’il répond pas, non? » .  Mais oui bien sûr c’est pour ça. La conversation sur le futur court métrage où « y’a pas de pognon » continue : « En fait j’ai eu une idée comme ac’, un truc super  l’idée c’est qu’à la fin même le cameraman il se fait enculer et en fait t’as l’impression que ouais c’est un court sur des petits jeunes qui gueulent sur le capitalisme et qui l’enculent et en fait c’est tout le monde qui se fait enculer tu vois, même le cameraman  » l’idée est complètement validée par la table, il suffit juste de trouver du pognon et ça part aux césars cette histoire là, Michel Piccoli on pense fort fort à toi ton ombre a plané sur la première sortie dans un café parisien.(2/06/20)

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