Mercredi 21 octobre 2020. 28ème audience.
Abdelaziz Abbad est né le 31 mars 1984. Ses avocats sont Me David Apelbaum et Me Margaux Durand-Poincloux. Son casier judiciaire porte trace de douze condamnations.
Abdelaziz Abbad vient de Charleville-Mézières, il est en détention depuis 2016 pour avoir « commandité le meurtre de quelqu’un ». Il a été condamné pour ce meurtre à vingt-cinq ans de prison d’après ce que j’ai compris. Il est accusé d’avoir fourni des armes. Son associé dans le trafic est Miguel Martinez. Et ils ont aussi eu un garage, encore. Chantal ma drôle de dame, me raconte qu’elle vient de ce coin-là et que pendant la guerre « c’était dur, on allait en Belgique chercher du café en contrebande, ah j’en ai vécu des choses ! Et je continue y’a dix ans je faisais du trekking au Yémen, pays formidable, vous devez y aller absolument. Bon vous attendez la fin de la guerre !! »
Je commence à être super fatiguée et même si ça y est, j’arrive à comprendre qui est qui, l’accusation, les liens entre chacun, tout s’imbrique, le problème c’est que excepté Ali Polat qui apparaît en fil rouge, il n’y a rien dans le dossier ou si peu, des hypothèses encore et toujours. Avant d’interroger Abdelaziz Abbad, le Président reparle de l’homme partie civile d’hier qui parlait « au nom des Français » mais aucun Français n’était au courant dans la salle ; il a transmis à la cour tout un dossier genre rapport de fin de stage de troisième et il veut même contacter la cour pénale internationale. Il parle des gilets jaunes aussi, bon en gros c’est un illuminé, un zinzin, un fou, et dans cinquante ans, quand le procès sera rendu public les gens liront mes chroniques pour savoir qui est ce gars. L’avocat général demande le rejet, la défense aussi et Me Coutant-Peyre dit en rigolant que ça aurait permis d’élargir le débat. Le Président rendra sa réponse demain mais je pense que ça va être rejeté.
Abdelaziz Abbad a la voix grave du très gros fumeur, il a aussi ce physique d’homme pas grand (je pense 1m65 max), corps fluet mais des mains énormes, totalement en contraste avec le reste de son corps. Il a un polo Lacoste manches longues, il a l’air d’avoir toute la main droite brûlée. Un jour alors qu’il était manches courtes j’ai vu que tout son bras l’était aussi. Il a 36 ans mais fait plus. Il a eu huit gardes à vue et cinq interrogatoires chez la juge d’instruction. Il a été interpelé quand il était déjà en prison pour une affaire de meurtre, ce qui est pratique mais ça fait beaucoup. Il a menti en audition et va falloir démêler le vrai du faux. Le Président rappelle qu’il a pas mal coopéré avec la police et que jamais il n’évoque directement Saïd Kouachi mais quelqu’un lui ressemblant fortement. Le Président explique comment on est remonté jusqu’à lui : « Bon alors, comment vous apparaissez dans le dossier : en 2017, soit deux ans après les faits, l’enquête démarre lorsque Metin Karasular se présente de lui-même à la police après les attentats pour parler de la Mini vendue par Coulibaly. De là la police remonte la téléphonie de Metin Karasular et on va voir qu’il est en relation avec Michel Catino et Ali Polat. Puis la téléphonie joue encore, on voit qu’il a des contacts réguliers en France, une ligne appartenant à Rachid Boulaouane, un nom d’emprunt, en fait c’est vous. Vous partagez aussi une ligne plus professionnelle je dirais avec Miguel Martinez. Alors voilà, maintenant l’histoire avec Saïd Kouachi… » En fait Abdelaziz Abbad explique en garde à vue qu’un jour il est tranquille à son garage et il y a Marwan qui vient le voir. Marwan il sort avec la sœur de Abdelaziz Abbad mais Abdelaziz Abbad explique que celui-ci se comportait mal avec sa sœur et qu’il lui devait 4000 euros de stup. Pas la grosse entente. Marwan vient voir Abdelaziz Abbad et il est accompagné d’un homme « ressemblant fortement à Saïd Kouachi » qui recherchait des armes. Abdelaziz Abbad explique à Marwan que lui il ne fait pas ça, il est dans la drogue, dans l’héroïne. Et ça c’est ce qu’Abdelaziz Abbad raconte lorsqu’il est interrogé au début en 2017. Le Président veut savoir pourquoi il raconte ça. « Quand je suis interpellé dans ma cellule, ils me disent qu’ils sont là pour Charlie Hebdo. Moi je comprends pas et je pense à cette histoire d’armes, c’est la seule fois de ma vie où on m’en a parlé. Après j’ai vu les photos de Kouachi mort et en fait c’est pas possible car il avait une barbe fournie et moi la personne que j’ai vue avait une petite moustache. » (Et un béret et des lunettes et un bombardier.) Le Président lui dit : « Vous mettez en cause Marwan, vous êtes conscient de ça ? C’est pour quoi ? Régler des comptes ou dire la vérité ? Parce que Marwan lui il dit que c’est pas vrai et que c’est pour le faire tomber. » Abdelaziz Abbad : « Je vais pas l’enfoncer pour une affaire de terrorisme pour une histoire de fille. Moi, c’est vrai, j’ai une sacrée expérience de la GAV ça c’est sûr mais là le terrorisme hééé c’est au-dessus hein, c’est le stade d’après, j’ai voulu être clair dès le début. » A la juge d’instruction il parle aussi d’une autre affaire, le sac d’armes qu’il a refusé de remonter qui était chez Ali Polat car il voulait des stup. Il explique avoir connu Metin Karasular par des rumeurs. Celui-ci était connu pour avoir des stup et des armes alors Abdelaziz Abbad va le voir et lui demande des stup, de l’héroïne précisément. Metin Karasular lui dit d’aller voir Ali Polat pour la marchandise en banlieue parisienne donc il y va aussi pour goûter la marchandise car « il y a deux sortes d’héroïne, de la blanche et de la brune ». Lorsqu’Abdelaziz Abbad arrive chez Ali Polat, il y a tromperie sur la marchandise : il y a des armes et pas de stup. Abdelaziz Abbad remonte sans rien le lendemain, il dit à Miguel Martinez que Metin Karasular s’est foutu de leurs gueules. Ça c’est la première version qu’il donne. Dans la seconde version, il raconte avoir été approché par Marwan et l’homme ressemblant à Kouachi qui cherchait des armes. Abbad décide de leur en trouver, il va chez Ali Polat via Metin Karasular mais les armes sont pourries et ne lui conviennent pas. Dans la troisième version, il inverse la chronologie, il dit qu’il voulait faire un trafic d’armes, il va chez Ali Polat via Metin Karasular, les armes ne conviennent pas et après ça Marwan demande des armes avec la personne ressemblant à Saïd Kouachi et Abdelaziz Abbad pense à leur refourguer les armes pourries. Faut s’y retrouver encore une fois. Abdelaziz Abbad explique à la cour que l’histoire de Saïd Kouachi elle n’existe pas, il s’est trompé : « Ça me coûte cher de me tromper. La juge d’instruction elle croit Marwan quand il dit que c’est faux et pourtant elle me demande des comptes sur ça. Si elle croit à l’histoire de Kouachi c’est Marwan qui doit être dans le box, pas moi ! » Le Président lui lit une déposition où il dit que lorsqu’il a vu les Kouachi à la télé après les attentats il s’exclame : « Putain on dirait un des connards qui m’a demandé des armes ! » Le Président lui dit qu’il borne le 3 janvier en Belgique chez Metin Karasular alors qu’on sait qu’à ce moment-là Coulibaly et Ali Polat sont aussi au garage de Metin Karasular. Abdelaziz Abbad explique que c’était pour récupérer des stupéfiants qu’il avait payés mais personne n’était au garage et il dit avoir appris dans le dossier le fait que Coulibaly et Polat étaient aussi au même endroit. Abdelaziz Abbad revient à son autre affaire : il est en prison pour avoir commandité le meurtre de quelqu’un, il est en préventive. Un jour, la juge d’instruction explique que si d’ici le lundi suivant il n’y a pas un nouvel élément, Abdelaziz Abbad sortira et aura un non-lieu car « y’a rien » et c’est le lundi suivant que la police en prison lui dit : « Allez, c’est Charlie Hebdo. » Lui : « Forcément je suis chamboulé et paniqué alors je dis n’importe quoi. » Il affirme ne pas avoir acheté les deux vieilles armes à Karasular, qui de toute façon a reconnu avoir menti, puis le Président l’interroge sur ses liens avec Miguel Martinez. Ils ont un garage ensemble. Miguel Martinez est religieux mais « calme et posé » et c’est la fin de l’interrogatoire.
L’assesseur lui cherche des poux et évoque le fait que cette fois-ci il est resté bien calme et c’est appréciable mais en garde à vue il s’est énervé trois fois. L’assesseur rappelle quand et pourquoi puis lui parle de son traitement : de l’Atarax pour calmer les angoisses, on ne sait pas trop pourquoi il dit ça, ça n’a aucun intérêt (Il dit « Bon, 25 milligrammes c’est la dose pour de légères angoisses ou pour un enfant de 6 ans. ») Mune avocate partie civile trouve ça bizarre qu’Abdelaziz Abbad, alors très impliqué dans les stups, ait besoin d’aller voir Metin Karasular pour du trafic. Il répond qu’il n’y a pas de règle, c’est comme ça. Puis elle l’interroge sur une puce téléphonique, au début on ne comprend pas trop pourquoi. Une puce a été retrouvée chez Abdelaziz Abbad. Cette puce a été activée en novembre 2014 à Roubaix [là où habite Mohamed Farès]. La puce est réactivée trois semaines plus tard à Charleville-Mézières. Elle continue : « Vous savez, il y a un ticket de caisse du KFC dessus il y a écrit Salam c’est Mohammed (France), active la carte inschallah. » Est-ce qu’Abdelaziz Abbad a quelque chose à dire dessus ? Il répond que non, pas du tout, puis il s’embrouille avec une autre avocate partie civile sur Saïd Kouachi et en vrai c’est très malhonnête intellectuellement. Le Président a dit dès le début qu’Abdelaziz Abbad avait toujours dit « la personne ressemblant à Kouachi » et elle lui parle comme s’il avait reconnu formellement Saïd Kouachi. C’est indigeste et tout le monde a mal à la tête et c’est la pause déjeuner sans Doliprane.
Au retour, l’avocate générale se met à lui parler du meurtre pour lequel il est accusé. Lui il dit qu’on mélange les affaires et il a l’air de dire que l’avocate générale est au courant de l’affaire, comme s’il y avait un contentieux entre eux deux. Elle lui parle de ses liens avec Soumia, la femme de Saïd Kouachi. Il réexplique ce qui a été démontré par la SDAT et la défense : oui il était au collège avec elle, non ils ne se sont pas vus depuis leurs 15 ans, elle l’a elle-même confirmé à la barre. Et puis elle lui parle des armes, elle dit : « C’est bizarre quand même, vous parlez d’un lance-roquettes jetable et c’est très précis et on a retrouvé un lance-roquette jetable avec les Kouachi alors qu’on n’en a pas parlé dans la presse. » Lui il répond : « Ben on parle d’armes, j’allais pas parler de Chupa Chups ! » et il dit qu’il l’a vu sur LCI. Me Apelbaum, son avocat, arrive et lui il pose souvent des questions en remettant tout au clair au début, c’est très appréciable même si c’est long : « Alors on va parler en étapes, y’en a sept. La première, c’est que vous donnez 5000 euros à Karasular pour du stup ; la deuxième, c’est que vous allez chez Polat le 25 novembre ; la troisième, c’est que Michel Catino remonte le sac d’armes que vous avez refusé ; la quatrième, c’est que vous déposez les armes chez une nourrice, Monsieur B., et vous montrez les armes à Marwan ; la cinquième, c’est que Monsieur B. est énervé de ça donc vous déposez le sac chez Sandy ; la sixième, c’est que début janvier y’a votre business de stup ; la septième, vous retournez déposer les stup chez Sandy qui a toujours les armes. Et la septième et demi, allez, Sandy se débarrasse des armes tout en reconnaissant en avoir vendu deux. Donc en gros je résume. Le 25 novembre on vous propose les armes et c’est le 11 décembre que Marwan vous demande d’en trouver. Donc on résume, vous n’avez pas trouvé d’armes pour le compte de Marwan et son ami ! » Après ça, Me Apelbaum démontre que ça n’est pas « spontanément » que son client reconnait Saïd Kouachi mais avec deux photos différentes, deux moments différents, deux années différentes.
Me Margot Pugliese, avocate de Miguel Martinez qui sera interrogé demain, lui pose des questions sur son client. Oui, Miguel Martinez est croyant. Il accompagnait Abbad surtout parce qu’il est grand (1m95 à peu près ; Abbad fait à peine 1m65) mais Martinez n’était pas du tout dans le trafic. Bon, elle prépare l’interrogatoire de demain. Me Coutant-Peyre prend la parole. Elle son truc c’est à chaque fois d’accuser les accusés lorsque ceux-ci mettent en cause son client Ali Polat et elle va encore faire ça. Elle lui dit d’abord qu’un accusé ne prête pas serment donc il peut tout à fait mentir. Elle lui demande s’il confirme avoir vu des armes chez Ali Polat. Il dit que oui et la réponse ne lui plaît pas, elle s’emporte : « BON Chuis pas le parquet hein mais bon, vous êtes quand même condamné pour une affaire de meurtre. Alors vous faites pas de trafic d’armes, ok, mais le mort il est mort avec quoi ? Des armes non ? » Pendant qu’elle parle, Abdelaziz Abbad répète en boucle : « Je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas, je sais pas » pour l’énerver. Elle poursuit : « Pour une raison étrange, Ali Polat vous propose à vous, trafiquant de drogue, des armes… » Abbad l’interrompt : « Ça peut paraître étrange mais c’est lui [Polat] il s’est fait carotte ! » Me Coutant-Peyre qui déjà ne comprend pas le mot pèze lui dit : « C’est quoi carotte ? » A ce moment-là Ali Polat hurle, c’est une habitude : « Tu vendais des armes six mois avant, sac à merde ! » et Abbad, bras croisés lui dit sur un ton qui dit « Ferme ta gueule » « Arrête de pleurer dans ta cagette, toi là » en riant. Me Coutant-Peyre engueule son client, le Président aussi. Me Coutant-Peyre explique que son client est « toujours révolté » Abbad répond : « Qu’il se révolte contre lui-même. » Me Coutant-Peyre revient sur Saïd Kouachi alors qu’il n’y a rien, en gros, elle veut faire dire à Abdelaziz Abbad que c’est la police qui lui a dit de parler de Kouachi. Elle dit : « Bon, vous… comment vous dites déjà ? Vous dites, vous donnez du beurre [en fait c’était du pain] aux flics un peu, bon quand vous dites Kouachi il a un béret, il a pas aussi une baguette sous le bras pendant qu’on y est ? » Abdelaziz Abbad répond que non, Polat hurle encore, Me Coutant-Peyre se retourne, on la voit faire les très très gros yeux à son client qui adopte un vrai comportement enfantin et s’excuse en baissant les épaules comme s’il allait se faire taper dessus.
Et le premier témoin arrive, il s’agit de Marwan, celui qui est censé avoir demandé des armes avec « Saïd Kouachi mais c’est pas Saïd Kouachi ». Il arrive, il a un tic aux yeux quand il parle, je cherche à savoir si ça se manifeste quand il ment : non. Il était en couple avec la sœur d’Abdelaziz Abbad et maintenant il est en couple avec Lucile, qui est l’ex d’un homme appelé Aurélien et qui est aussi impliqué dans le meurtre dont Abdelaziz Abbad est accusé (Abbad a été condamné à vingt-cinq ans, Aurélien vingt), c’est encore des liens compliqués. Marwan dit que jamais il n’a présenté Saïd Kouachi à Abbad. Si celui-ci l’implique c’est parce que : « Je me suis séparé de sa sœur, je lui devais 4000 euros de stup et j’ai couché avec sa copine. » « Oui y’a des difficultés vraiment, là. » dit le Président. Le Président l’interroge et ça n’est pas vraiment intéressant. C’est lorsque la défense va l’interroger que là on va voir une faille. En attendant, il explique à la cour qu’un jour il a dit à un ami qu’à tel endroit à Revin il y avait des armes, et cet ami « c’est un policier, bon vous avez le droit, mais vous le dites à votre ami ou au policier ça que y’a des armes ? » Marwan dit qu’il s’adressait avant tout à l’ami. Il dit aussi qu’Abbad n’a jamais été trafiquant d’armes. Me Apelbaum prend la parole. D’abord il rassure le témoin et lui dit qu’il n’a rien à craindre, quand bien même il viendrait à dire une nouvelle chose, et il commence : « Vous dites que vous entendez la rumeur dans la cité, comme quoi il y a des armes cachées à tel endroit. Alors vous êtes très précis, vous dites avoir entendu qu’à Revin, dans le quartier X, chez Monsieur B., il y a des armes, c’est très précis ! Et donc il y a effectivement des armes chez Monsieur B., elles sont là car c’est Abbad qui les a mises. Moi je vais vous raconter ça : le 11 décembre la téléphonie dit que vous et Abbad vous êtes à Revin. Et… quelques semaines après vous racontez avoir entendu qu’à Revin y’a des armes. En garde à vue lorsqu’on évoque ce rendez-vous à Revin avec Abbad vous dites que c’est pour de la beuh et vous pleurez. Enfin, Monsieur, le cannabis c’est pas si grave et vous pleurez en disant que vous êtes mort, vous allez aller en prison. Bon. Lorsque Abdelaziz Abbad évoque l’ami avec lunettes, moustache et béret, ami pris à tort pour Saïd Kouachi, vous vous exclamez que oui effectivement vous avez un ami, Omar, de Chalon-sur-Saône, qui correspond à ça et vous allez plus loin, vous êtes d’accord pour dire que vous présentez Omar à Abbad, un jour à Revin ? Que vous allez chez Monsieur B. Et donc vous et Abbad en fait vous racontez la même histoire, sauf que vous, vous dites que c’est pas des armes que y’a dans le sac chez Monsieur B., c’est des stup. Moi je veux bien vous croire, le problème c’est que juste après ce rendez-vous vous expliquez à votre ami policier que d’après la rumeur en cours dans la cité vous savez que y’a des armes… à Revin. Alors je vais vous dire clairement : Les armes elles sont restées moins d’un mois chez Monsieur B. et vous, vous dites qu’en l’espace d’un mois, alors qu’Abbad n’a dit à personne que y’avait ces armes, en l’espace d’un mois TOUTE LA CITE SAIT que y’a des armes chez Monsieur B. Alors je vais vous poser la question et, Monsieur, rien ne vous arrivera, vous êtes témoin. Le 11 décembre, vous voyez Abbad à Revin, vous êtes accompagné de votre ami Omar pris pour Saïd Kouachi, vous allez chez Monsieur B. et Abbad vous montre non pas de l’herbe mais les armes. Est-ce qu’Omar votre ami voulait VRAIMENT juste du cannabis ? »
« Oui. »
« Vraiment ? »
« Oui. »
« VRAIMENT ? »
« …Oui. »
« Et bien je reste avec ma supposition, Monsieur, mais moi je suppose que c’est des armes que vous voyez à ce moment-là. » On ne peut pas dire que Marwan est droit dans ses bottes, même moi j’ai cru qu’il allait crier « OUI C’EST BON J’AI VU LES ARMES ET PAS DE LA BEUH » mais non. Il s’en va. Et moi aussi je m’en vais. Un colis UPS ne sait pas attendre. Sur le chemin j’apprends que Sandy, la « nourrice » est venue témoigner et a raconté avoir été violée par le frère d’Abbad et qu’elle s’est faite avoir pour garder les armes. Elle avait peur. En vrai je suis soulagée d’être partie, je n’aurais pas supporté d’entendre encore une fois une femme raconter la violence des accusés, entendre l’assesseur sans compassion demander des détails. C’est insupportable à entendre, à chaque fois elles doivent se justifier. Demain c’est Miguel Martinez, le dernier avant Ali Polat.
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