le procès de l’ex premier ministre et les amnésies de pénélope F.

9h du mat j’arrive au Tribunal de Paris, ici se tient le procès de François et Pénélope F., il y a déjà 3 mamies, l’une me dit que le procès ne commence qu’à 13H30 donc j’ai 4h30 d’attente je suis ravie, en plus apparemment le procès pourrait être annulé pour des vices de procédure, c’est ce qu’il se disait hier et elles étaient déjà là. Une des mémés a un accent russe elle est toute rabougrie et me dit que dans son pays: « ça serait pas possible d’assister à un procès comme ça d’un politique si important » alors elle vient voir la démocratie Française. Des avocats me demandent ce que je fais là je leur dis que je viens voir le procès Fillon, ils rigolent : « Nous aussi on va passer », les avocats vieux ressemblent à Alain Afflelou, les jeunes ont soit des sac eastpack soit des tote bag Isabel Marrant, il est loin le temps où Arno Klarsfeld arrivait en roller. Un papy arrive, il salue les flics, les mecs de la sécu, les avocats, les vieilles, il est habitué, il énumère tous les procès qu’il a vus : Cahuzac, Balkany « un sacré coco celui-là », il a tout avec lui : « une salade de pâtes, une bouteille d’eau même si j’aurais pas dit non à un ptit ballon, une pomme, un yaourt (en verre) » il a aussi pris « une barre de céréale au cas où il ferait un malaise » et aussi une banane « pour les copains » mais il n’aime pas « les bananes, alors que les pommes j’adore, une pomme pour si je tombe dans les…pommes! Une pomme pour…ma pomme » la journée va être longue. Il me voit manger une galette de riz lentille corail comme une pauvre végan et se sent « mal pour moi », mais vraiment, il me propose la barre de céréale, la banane ou un « ptit truc de la cafèt » je dis non à tout, comme d’habitude. Il me demande si je reviens de « discothèque », enfin au début il dit « de disco »? Et j’ai dit « hein? », vu comment je suis habillée, j’ai une robe de cocktail, une veste verte trop grande avec des épaulettes, mes doc et le maquillage de Blondie, il me dit « je suis pas habitué à voir des gens comme vous…mais c’est bien aussi! » « Aussi ». Il me dit qu’assister aux procès c’est « un truc de retraités, on retrouve les copains! C’est bien d’être là quand on est jeune comme vous car vous aurez pas de retraite! ». Un couple est là, ils viennent me demander si je suis là « pour François Fillon, vu qu’on est pas de Paris on sait pas c’est où », ils me disent qu’ils ont fait 300 km dans la nuit pour « soutenir Monsieur Fillon », ils ont décidé ça hier après midi « Monique, fais les valises on rentre à Paris défendre François! », ils s’inquiètent vraiment de savoir si je soutiens François, je rigole en disant que non je suis ici pour me moquer et rigoler parce que je suis anarchiste, ils sont décontenancés et disent « Vous aimez Elise Lucet HEIN? », je dis : « Oui, Louise Michel, Ravachol et Elise Lucet voilà », je suis un vautour pour ce couple là. Un petit papy arrive, il a pas dû se laver depuis 3 semaines et a toutes les caractéristiques du coronavirus, il vient à coté de moi bien sur, il me salue, et me dit qu’il a « tout vu, tout vécu » dans sa vie, il lit un livre : « Pierre Bellemare: je me vengerai, 40 histoires » il commence à lire et ses copains de procès arrivent, il y a une dame très jolie, elle ressemble à Marie Laforêt, ils se racontent le procès d’hier, ils ont « à peine vu Fillon, il fait même pas coucou! » « Ah c’est sûr qu’il a pas fait l’école de la courtoisie! » « Mais Pénélope elle nous a vus, elle a eu un sourire en nous regardant », la femme qui ressemble à Marie Laforêt dit « je vais faire pipi », le papi dit : « Là il y a des toilettes » mais la femme veut « aller plus loin », le papy dit « d’accord! en même temps c’est un voyage et les voyages ça forme la jeunesse », elle revient et ils continuent : « Avec ce temps de chien, moi je suis tombé hier » , l’homme dit ça en montrant 1 égratignure sur le doigt, la femme qui fait pipi ailleurs dit que c’est « dramatique » cette égratignure, ils sont au tribunal mais ils pourraient tout aussi bien être dans le public chez Jean Luc Reichman. Il y a un homme qui marche devant nous, il appelle quelqu’un en facetime: « Devinez où je suis!!!! » effectivement l’interlocutrice ne devine pas, alors pas peu fier il annonce : « Je suis au procès de Fillon! », la femme à l’autre bout du fil est émerveillée : « Ohlala c’est incroyable ça » il coupe la conversation et nous explique en remettant le clapet de son téléphone : « C’est une dame d’internet », les vieux à coté : « aaah d’accord bah bonnes chances hein! ». On se lève enfin pour commencer la file d’attente pour rentrer dans la salle, une dame, la cinquantaine prend le monopole de la conversation, elle explique qu’elle aussi va beaucoup voir de procès et qu’on l’a déjà vue « chez BFM, LCI, on me voit au tribunal, dans la salle, dehors », un jour elle a même été « interviewée » et comme elle habite Nogent sur Marne tout le monde l’a reconnue dans la ville, elle biche un peu mais très vite elle dit que « c’est inadmissible ça », et quoi donc? « Je n’ai jamais pu m’enregistrer, les magnétos ça existe plus », elle a un eye liner rouge (c’est bizarre) et un peu de mayo au bord des lèvres car elle a bouffé son sandwich comme un goret mais personne lui dit, elle fait des confidences : « Le gouvernement actuellement a très peur vous savez, il se passe des choses moi je vous le dis je connais des gens très haut placés et ils vont sûrement avoir leur petite vidéo comme Griveaux », les gens ne disent rien car ils pensent tous : « Est ce que j’ai envie de voir Gérard Larcher dans une partouze? ». Il y a une mémé qui vapote et hausse les épaules en écoutant la femme mayonnaise : « N’importe quoi », elle regarde d’autres gens : « j’ai apporté des bouchons d’oreilles, on est beaucoup dérangés par les portes ici, au palais de justice c’est différent là c’est boum boum boum, j’aimerais savoir si le procureur entend la même chose, enfin je l’ai dit à l’huissier », cette mémé lit un vieux bouquin : « Jacques Delors, l’homme qui dit non », elle voit que j’ai un sourire et me dit : « Ah! Delors! Voilà un homme qui, s’il avait été président, la France aurait été radicalement différente! » Et Georges Marchais alors ?. Quelqu’un remarque que « l’assemblée est très féminine » « Ah mais oui c’est un bel homme quand même Fillon,  » les Françaises sont là pour voir le beau gosse de Fillon, et on est toutes prêtes, il est 13H30 et enfin on rentre dans la salle, ma seule expérience de procès c’est la série « cas de divorce »mais je doute que le protocole soit le même, tout le monde est assis et l’huissier (très sympa) vient nous voir pour nous parler de…la porte ! « Elle est très lourde, et bruyante » je me penche en arrière pour voir la mémé, ravie que son message ait été entendu. Et puis il arrive, en fait par ma gauche j’aurais pu lui faire un high five, François Fillon est là, l’air revêche, stricte, ennuyeux devant lui Pénélope avec un carré et un serre tête, elle a l’air aussi à l’aise qu’un petit lapin qu’on va tuer, mais les gens autour remarquent : « Il passe derrière elle, il est galant! » N’oublions pas que cet homme là aime sa femme. Pénélope elle ressemble un peu à Monique Olivier en mieux, elle a une tête à faire des confitures et des gâteaux au yaourt pour la kermess. Dans cette salle, une pièce de théâtre va se jouer, il y a les personnages de la présidente, les méchants procureurs et la ribambelle d’avocats du couple Fillon dont Antonin Lévy, fils de BHL. Avant de s’assoir Fillon balaie la salle du regard, à quoi peut il penser? Que si y’avait pas eu le Canard enchainé il serait à l’Elysée? Au début c’est pas intéressant, la présidente explique pendant 45 minutes des trucs juridiques et personne ne crie « objection votre honneur », en plus la présidente ne trouve pas son premier rapport « ce qui est fort fâcheux » bah oui plutôt, après 5 minutes c’est bon elle a tout. Avant de commencer la présidente demande si François F. ou Pénélope F. ont envie de dire quelque chose, tout le monde s’attend à entendre « non » mais… François F. veut dire quelque chose, « venez à la barre Monsieur Fillon », au moment où il s’apprête à parler la salle retient son souffle, il n’y a AUCUN bruit : « Madame la présidente j’ai le choix depuis hier entre la peine de mort ou la victimisation, aussi je vous remercie de prendre en compte ma présomption d’innocence, car voyez-vous Madame la Présidente cela fait 3 ans que j’ai été jugé et condamné sans appel , par le tribunal médiatique ma femme, ma vie de famille, la présidentielle, mon courant politique, mon honneur, tout a éclaté » à 2 doigts de nous dire que les gosses lui jettent des cailloux à la tronche en criant « rends l’argent! ». La présidente ne s’attendait pas à ce q’il parle.

Le procès commence. Pénélope F est appelée à la barre, elle est interrogée sur ses activités, Pénélope F ne « sait pas », rien elle a « tout oublié »depuis 1981, pourtant elle a « enchainé les contrats » des sommes d’argents, 15 000 Francs, 30 000 Francs, 9765,54 Francs, elle a été « collaboratrice parlementaire », elle parle du RPR de la Sarthe, Pénélope F n’a jamais pris aucun congés maternité, ni congés payés, ni aucun droit à la retraite, lorsque la présidente lui demande : « Mais enfin Madame Fillon ça ne vous dérange pas de travailler sans droit,? » Pénélope F répond que non, elle sait pas trop, c’est son mari qui fixait son salaire, parfois c’était 3000 francs, parfois 25 000. Pénélope F a fait des études pour être notaire en Angleterre, j’adore comment elle parle en vrai, elle est intelligible et a un super phrasé, elle tente d’expliquer son travail auprès de François F, elle ouvrait le courrier car il en recevait « énormément », en 1982 les Français écrivaient à Casimir et François Fillon. La présidente tique sur le courrier : « Excusez moi mais en 1982 la notoriété de votre mari était moins importante que maintenant, comment les gens avaient votre adresse? », Pénélope F ne sait pas quoi dire, la présidente ne la croit pas, le public non plus. On lui demande de s’expliquer : « Vous avez organisé un atelier de secrétariat, pour lequel vous avez été payée, en quoi cela consistait? » Pénélope F explique qu’elle faisait « des fiches, beaucoup », « Des fiches de quoi Madame Fillon? » « Je ne sais pas », Pénélope dit aussi qu’elle faisait du ménage, elle perd ses moyens, « que faisiez vous entre 2 contrats Madame? » « Je ne sais pas », elle aurait du dire « des confitures » ça serait passé crème. La présidente évoque les « oublis » de Pénélope F, « alors on va demander à votre mari tout à l’heure peut être que la mémoire lui reviendra » François F. doit être dans ses petits souliers avec chaussettes rouge. La présidente ne lâche rien : « Comment votre salaire était calculé? », « je ne sais pas », « et lorsqu’il était diminué de 30%? Ca ne vous interpellait pas? », « non » souffle Pénélope F., « Bon vous n’alliez pas assigner votre mari aux prudhommes j’entends bien » la salle rit. Le procureur interroge maintenant Pénélope F et c’est scud sur scud, d’abord il tient à lui assurer de « toute la compassion et l’empathie du tribunal envers vous Madame Fillon, mais vous devez répondre aux questions ». Le procureur est troublé : « Votre fille nait le 11 Mars, vous ne prenez pas de congés maternité et 10 jours après vous commencez un nouveau contrat, cela se vérifie à chaque naissance, comme si chaque naissance demandait plus d’argent donc plus de contrats, étrange non? » Pénélope F fait mine de pas comprendre ce hasard troublant. Il lui parle de ses « amnésies, son black out » « C’est intéressant Madame Fillon, car votre mari est atteint de la même maladie que vous, il a tout oublié de vos emplois aussi ». Le deuxième procureur l’interroge, en fait elle s’est faite bolosser complètement par la justice de la république. Et là Pénélope F. commence à s’effondrer, elle ne sait « rien » mais le second procureur ça ne lui convient pas, il ne la lâche pas, il se moque et là intervient un des avocats du couple Fillon, Antonin Levy fils de BHL, il s’emporte et il crie que ça suffit c’est pas bien de s’en prendre comme ça à Pénélope F., le procureur lui répond : « Restez calme Maitre! J’ai plus d’empathie pour votre cliente que vous! », « CA C’EST IMPOSSIBLE » éructe Antonin L. La passe d’arme continue, le procureur : « Ce qui est quand même drôle si ce n’est tragique Madame Fillon c’est que votre mari a été ministre du travail, quelle bizarrerie d’être le ministre du travail et de ne pas faire bénéficier son épouse de congés payés, ou d’être si peu regardant sur les droits », la salle s’esclaffe, Antonin L. invective : « Merci monsieur le procureur de nous dire à quel point la justice Française juge le ministère du travail nous apprécions énormément ». Les esprits s’échauffent et la présidente demande à tout le monde de se calmer, une pause de 25 minutes est demandée. J’avais envie de rentrer mais là j’ai trop envie de voir le round 2. Je sors et Tancrède machin de « C à vous » me demande de témoigner face caméra je dis non bien sur il me fait un clin d’oeil « ok ». La pause est finie on y retourne c’est au tour de François F. d’être appelé à la barre : « Accusé Fillon! » C’est le premier ministre de la France à qui on demande des comptes, je trouve ça dingue à voir en fait, vive la République et vive la France quoi, comme pour sa femme on évoque son parcours, François F. explique que sa vie politique est un « sacerdoce » c’est du « 24 sur 24, 7 jours sur 7 » sortez les violons, il explique aussi que « Pénélope avait beaucoup de courrier et je ne suis pas extraordinairement patient alors Pénélope l’était pour moi », nouveau travail : « je suis patiente », François F. est plus prolixe, ça se voit qu’il a l’habitude de s’exprimer en public, il cherche aussi à noyer le poisson : « Pénélope relisait aussi tous mes discours, corrigeait les fautes, cela concernait 100% de mes discours » il continue pour expliquer ce qui justifie un salaire de 8000 euros par mois, donc Pénélope était « patiente », ouvrait le courrier et relisait les discours, mais aussi : « Pénélope me tenait au courant si tel maire de tel canton avait eu un enfant ou un décès » en gros le taf de Pénélope c’est celui de n’importe quelle mamie de France, ouvrir le courrier et raconter les potins. 10 minutes après malheureusement François F. dit : « les 3/4 de mes discours locaux était improvisés » mais qu’il est con! François F. est arrogant, chiant, méprisant dans sa manière de parler, il répète sans cesse : « j’ai déjà dit ça aux enquêteurs », il se racle la gorge lorsqu’il évoque l’interrogatoire de police : « écoutez je suis à ce moment là en pleine campagne présidentielle, j’ai oublié lors de l’interrogatoire de parler des différents emplois de ma femme, c’était une erreur ». Et 10 minutes après rebelotte! : « C’est monsieur Untel qui écrivait mes discours à Paris »c’est un sketch! François F. parle des friandises de St Jean de Luz « de petites friandises typiques je vais vous expliquer », « Excusez moi Monsieur Fillon concentrons nous, pourquoi si votre femme travaille pour vous , elle n’apparait pas sur le trombinoscope de l’assemblée nationale »? et François F. de prendre ses administrés pour des cons :  « C’est un truc de Parisiens ça , les gens de la Sarthe ils ne savent pas que c’est un trombinoscope » les gens de la Sarthe apprécieront. Le procureur demande : « Votre femme accouche, 4 fois et jamais vous ne lui octroyez de congés maternité, elle accouche et retourne travailler directement, pourquoi? » François F. : « c’était son choix, elle n’en avait pas besoin » la France se tord le bide. François F. commence à perdre son sang froid heureusement Antonin L. arrive à la rescousse il lui demande des choses pratiques c’est pas interessant, et aussi de lire un document, mais François F. n’a pas ses lunettes alors il ne peut pas lire, mais Pénélope F. est là et lui passe les siennes, c’était ça aussi son travail sûrement : donner ses lunettes.(27/02/20)

M Écrit par :

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