C’est pas tous les jours qu’on croise des célébrités !

Comparutions immédiates du tribunal de Paris, je suis très en avance pour mon retour au tribunal ça tombe bien le papa d’un prévenu en profite pour me parler, il est là car son fils est accusé avec un ami d’avoir tabassé un flic, et d’avoir participé à un attroupement avec armes « des trucs de gamins » me dit le papa, je jette un coup d’œil aux « gamins » qui sont jeunes c’est sûr mais qui ont des tatouages néo-nazi et qui portent chacun une grosse croix autour du cou, le papa voit mes pompes et me dit : « ah vous avez des doc Martens ! On doit être de la même génération » il me demande si je connais l’histoire de la marque : « Et c’est un vrai docteur ce docteur Martens ? Je pense pas, il a pas dû exister ils mettent le nom de Docteur pour faire c’est la science mais c’est comme KFC il a jamais existé le mec », l’avocat des deux gamins arrive il veut faire annuler la procédure car le PV d’interpellation est pas signé, néanmoins y’a un soucis : la scène de violence envers un policier a été filmée, « l’image est pas ouf quoi » dit l’avocat, ça c’est sûr « la présidente elle va pas aimer », un des deux prévenus demande s’il doit assister à tout, il veut passer l’après-midi à la cafète comme il dit mais l’avocat refuse : « dites vous que vous avez que des ennemis dans la salle ».

Les parents d’un influenceur sont présents aussi je m’approche pour voir le nom je le reconnais il a été placé en détention provisoire pour des « prank » il faisait semblant de piquer des gens, les parents disent à son avocate que depuis dix ans « tout ce qu’il fait c’est de la merde », l’avocate explique que la présidente de l’audience est plutôt fermée « si elle a trois pelés et un tondu ça va la soûler » l’influenceur est présent pour demander la fin de sa détention en attendant son procès prévu en septembre.

Le public rentre et comme d’habitude dès qu’il s’agit de prévenus étrangers qui ont besoin d’un interprète c’est le brouhaha, les deux premiers sont Hamza et Ilyasse, ils se ressemblent tellement qu’on dirait des jumeaux, les deux sont nés en 2001 en Algérie. Ils comparaissent pour un vol de sac le 6 juillet, ils reconnaissent les faits « du moins les faits sont pas contestés » dit la présidente qui a l’air de s’emmerder énormément. Le vol a eu lieu au pont des arts, les deux copains se font repérer par les policiers car ils regardent les sacs, Ilyasse dit : « j’ai vu un sac posé je l’ai pris sans faire attention » Hamza ne répète qu’une chose : « je regrette je veux partir en Espagne je veux pas aller en prison j’en ai marre ». La présidente énumère le casier de chacun, Ilyasse n’a jamais été condamné cependant il a une fille de 13 mois et en septembre il doit passer au tribunal pour des faits de violences conjugales sur la mère de sa fille, sa visite aujourd’hui est un avant goût, il vit en France depuis 2021 et il parle assez bien le français pour que l’interprète stoppe ses traductions hasardeuses. Hamza « quant à vous monsieur bon c’est déjà une situation pénale plus compliquée » la présidente récite, à chaque fois des vols, « de la prison 4 mois en 2024, 5 mois en 2023, 6 mois en 2022, 3 mois en 2022, 3 mois en 2022 » Hamza a passé plus de 17 mois en prison, d’ailleurs le 6 juillet il est interpellé le lendemain de sa sortie de prison, la présidente roule des yeux.  Il est en France depuis 2020 « et Monsieur concernant votre régularisation ? Aucune démarche ? » Hamza répète : « je veux aller en Espagne » la présidente : « ça j’ai bien compris mais depuis 2020, c’est pas très loin quand même », l’avocat des deux lui demande : « Vous souhaitez quitter la France ? » Hamza répond : « Je veux aller en Espagne » « ON A COMPRIS » dit la présidente très fort.

La procureure prend la parole : « Zéro difficulté sur le dossier tout ceci MALHEUREUSEMENT est quotidien avec un procédé bien connu, on demande un briquet à quelqu’un pendant que l’autre récupère le sac » elle parle de chacun des prévenus, elle ne dit pas grand-chose sur Ilyasse, mais sur Hamza : « y’a 11 condamnations en quatre ans que pour des vols ! On lui donne 2 jours de liberté et ENCORE il comparait ! » elle demande 8 mois de taule pour les deux. La défense est assez molle alors il fait l’inventaire de ce que les deux ont volé pour minimiser le vol « du maquillage gloss, un passe navigo, et de l’huile CBD » il stoppe net il est à deux doigts de dire « ben écoutez ça va pas chier loin cette affaire ! » c’est clairement ce que son silence signifie, il parle de la séparation « conflictuelle et compliquée » d’Ilyasse, la présidente se gratte les bras elle s’en carre complet que le marlou se soit fait larguer. « 8 mois c’est pas rien ! Je demande pas une relaxe mais bon ce sont de jeunes désœuvrés, l’un d’eux veut partir en Espagne ça n’a aucun intérêt de le placer 8 mois en prison ! »

La parole est aux prévenus, Ilyasse « regrette et demande pardon », Hamza : « Je veux partir en Espagne »  qu’on amène cet homme à l’aéroport.

Hamza est condamné à 6 mois avec mandat de dépôt (il dort en prison ce soir) et une OQTF de 5 ans, Ilyasse a du sursis simple, 6 mois, il ne fait pas de peine sauf si dans les 5 ans il est de nouveau arrêté.

Nouveau prévenu, Luis est né aux philippines il a 63 ans, il est là pour des faits d’agression sexuelle.

« Monsieur le 5 juillet dernier dans le métro, vous étiez à côté d’une jeune femme, vous lui attrapez la poitrine, la jeune femme se décale vous vous avancez pour la coller et vous mettez votre sexe sur ses hanches » voilà lui c’est un frotteur du métro, la présidente explique que la jeune femme victime ne veut plus prendre le métro, elle dit aussi : « dans votre téléphone Monsieur on retrouve aussi des photos pornographiques-de vous-même d’ailleurs- des photos pornographiques de très jeunes femmes et aussi des photos de femmes dans le métro ou dans la rue et en garde à vue vous dites que c’est un malentendu, il est où le malentendu monsieur ? »

Luis, qui a besoin d’un interprète anglais, explique que ça fait 14 ans qu’il vit en France et qu’il n’a jamais fait ça, la présidente crie « SUR LES FAITS VOUS DITES QUOI ? » Luis explique le « malentendu » donc, il était très fatigué, il a simplement voulu se reposer dans le métro, la présidente « vous vous reposez avec votre sexe ? Trois fois de suite ? C’est curieux que votre main attrape les seins trois fois, et puis c’est toujours des femmes hein c’est jamais Robert 50 ans 150 kilos quand on voit vos photos, pourquoi vous avez des photos de femmes dans le métro ou assises sur des bancs monsieur ? » Luis fait dire à son interprète que : « c’est une passion c’est artistique » la salle rigole,  « C’est interdit » dit la présidente.
Au tour de la partie civile « c’est quotidien pour toutes les femmes, tous les jours les femmes se font agresser par des hommes vous le savez ça ? » Luis ne le savait pas, il apprend que les femmes sont sexuellement agressées il n’a jamais entendu ça de sa vie. La présidente lui demande pourquoi en 14 ans de vie ici il n’a pas régularisé sa situation ? Luis ne sait pas non plus.

La partie civile : « c’est un point inquiétant le positionnement de monsieur, qui ne reconnaît rien et qui ne sait pas que ça s’fait pas en France » elle demande 2000 euros pour la victime.

La procureure : « plus qu’inquiétant quand vous nous dites que c’est une passion, aussi vous faites une très belle comparaison pour toutes les femmes en garde à vue, quand vous dites que vous prenez les belles choses en photos à savoir les arbres ou les femmes on apprécie cette très belle comparaison »  la procureure estime que Luis cherche des proies « coupable, oui évidemment il est coupable, il n’y a aucune remise en question, malgré 48 h de garde à vue. Le premier passage à l’acte c’est les photos, là y’a le deuxième c’est l’agression sexuelle, c’est quoi le troisième passage à l’acte ? Je demande un an de prison avec un suivi psychologique »

La défense (le même avocat que précédemment ) essaye de « faire du droit » pour lui les photos n’ont rien à voir avec l’agression sexuelle, « ok y’a des photos dégueux mais c’est une autre infraction ! Je vous le dis : oui il est dangereux et vous savez que quelque soit votre décision ce soir, ce soir il part en CRA [centre de rétention administratives] y’a une OQTF qui prime sur tout le reste Madame la présidente !!! » donc balleck, qu’est ce qu’on fout là franchement ?

Luis est condamné à 12 mois de sursis simple et a une OQTF de 5 ans, il doit aussi 1000 euros pour la victime, le traducteur se tourne vers lui : « Understood ? »

Mohamed arrive, né en 1989 au Maroc , il a volé fin juin une montre Patek Philippe à 150 000 euros sur un touriste canadien, il lui a arraché violemment rue St honoré, c’est donc un « vol avec violence ». Le canadien le course mais ne le rattrape pas, Mohamed est filmé sur sa course grâce à la vidéo surveillance, il part prendre le TGV jusqu’en Espagne et il revient à Paris dix jours plus tard et il est interpellé.

Il a besoin aussi d’un traducteur, Mohamed conteste tout il est filmé mais il nie, il nie aussi avoir une sœur qui vit dans le sud, tout est faux rien n’est vrai, il jure qu’il a rien volé. La présidente : « vous êtes filmé monsieur ça n’a pas de sens ce que vous dites, c’est pas la peine de raconter n’importe quoi » et c’est donc très compliqué pour la poursuite du procès, les vidéos, c’est faux, les recherches sur son téléphone pour savoir combien vaut la montre c’est faux c’est à cause d’une application de téléphone, sa sœur elle existe pas, en fait si c’est juste qu’il l’aime pas. La présidente abrège avec ce prévenu qui conteste tout, la procureure résume « il se perd dans ses mensonges, il vous ment, il nous ment, il se ment ! » elle demande un an de prison  et une OQTF.

La défense « oh il est très calme quand même, juste il ne reconnaît pas les faits, je demande la relaxe, ou la re-qualification de peine, c’est un primo délinquant il est éligible au sursis ! »

Mohamed est condamné à un an avec mandat de dépôt et une OQTF de 10 ans.

Et c’est la suspension d’audience, des jeunes filles arrivent c’est la « communauté » de l’influenceur qui va passer bientôt, elles ont 14/15 ans sont habillées en jogging, c’est tellement un attroupement que le papa du gamin tabasseur de flic s’inquiète « mais c’est qui ? » il demande à sa fille, sa fille lui explique « c’est un mec qui fait des tik tok et là il a piqué des gens pour rire » « ça se fait pas » il dit le daron, mais tabasser un flic ça c’est une erreur de gamin, il demande à sa fille si l’influenceur est très connu « oui il a des millions sur tik tok » le père se tourne vers moi hyper content d’être là en fait : « hey c’est pas tous les jours qu’on croise des célébrités ! » ici c’est paris.

L’audience reprend, c’est Kylian né en 2006 en France, il est là pour du stup, transport, détention, acquisition, revente, son avocat prend la parole et souligne l’irrégularité de la procédure concernant le contrôle d’identité, Kylian s’est fait contrôler car il n’avait pas ses gants en scooter « c’est une infraction de troisième classe » et après ça il est controlé, et après ? Bah après on retrouve sur lui la dope, la came, les sachets, les cachetons et Kylian est en sweat gris au tribunal voilà l’après de l’absence de gant en scooter.

L’assesseur lit les faits, on a palpé Kylian et il a sorti la drogue, 49 grammes de cocaïne, 3,36 grammes d’ecstasy, 2,03 grammes de Cathinone et une autre substance non identifiée, enfin 335 euros en liquide.

Ça vient d’où l’argent ? « De mon compte », « de la drogue ? » « de mon compte » « oui ok mais d’où il vient sur votre compte. ? » « de Leroy merlin »

Kylian reconnaît tout sauf la vente, sur les nombreuses adresses retrouvées dans son téléphone il « préfère pas s’exprimer sur ça » sur ses déplacements la nuit ? « Je me déplace beaucoup » l’assesseur lui dit que c’est son droit de pas répondre « en revanche se moquer du tribunal… » le 10 Avril 2025 Kylian a déjà été contrôlé pour du stupéfiant il a été condamné à 105h de TIG, pas vraiment un succès donc, il explique qu’il veut reprendre ses études « pour s’éloigner de tout ça, j’ai quelque chose que j’aimerais réfléchir je sais pas qu’est ce que je veux faire » sa maman est dans la salle, elle a l’air misérable, elle est venue plus tôt et est venue me voir pour savoir comment se comporter, elle pleure quand son fils parle, son fils ne la regarde pas une seule fois. Il est dit que Kylian s’est « foutu de la gueule » des policiers en gav ça interroge beaucoup la procureure « sur sa capacité de réflexion, est ce que vous réalisez que c’est dix ans de prison ? » elle demande 15 mois de prison, obligation de travail, stage de sensibilisation aux produits stupéfiants.

La défense demande la relaxe au motif que Kylian a collaboré avec la police en leur remettant toute la drogue « ça peut rassurer l’autorité judiciaire ça »il veut un sursis simple en fait et estime que « tout ceci est un peu disproportionné »

Kylian est condamné à 15 mois de prison avec sursis probatoire.

Hadi est né en 1997 en France il est actuellement en détention dans l’attente de son procès pour beaucoup beaucoup de choses, refus d’obtempérer, port d’armes, rébellion, vol par effraction,  violence aggravée et encore des armes, il se trouve au tribunal pour demander sa remise en liberté en attendant le procès pour cela il faut qu’ Hadi montre qu’il a de nouveaux éléments concernant son affaire, il dit qu’il a pris rendez-vous avec un psy et une assistante sociale, la présidente n’en peut plus c’est refusé. Il reste en taule jusqu’au procès.

C’est au tour d’Ilan l’influenceur né en 1998 à Paris, depuis le 27 juin il est en détention et son procès est prévu en septembre, pour le tribunal il y a un risque de réitération.

Ilan prend la parole « je veux m’excuser » « ça c’est du fond monsieur moi je veux des choses nouvelles où le risque n’existe plus, est ce qu’il y a des éléments nouveaux ? » « je recommencerai jamais ce que j’ai fait, mon incarcération est très dure » « ah bah ça j’entends bien que vous soyez pas content c’est un peu l’idée » Ilan est tetanisé par la présidente et son fan club aussi sûrement, il parle d’un projet avec son père sur une série, la présidente lapidaire : « c’était déjà le cas y’a dix jours » Ilan développe : « non non là je vais tourner une musique, sortir un single, et une série de sport aussi, et puis la création d’une série sur ma vie, sur le fil de ma vie moi je peux pas parler du fond » « BAH NON » elle dit la cheffe. L’avocate d’ilan va plaider de très longues minutes sur le cyber harcèlement de son client, il est à l’isolement, il y a des risques sérieux pour son client, la présidente avec sa bouche fait « ÇA VA »

L’avocate poursuite « il a bien compris la sanction pénale il est très pudique vous savez moi je vous dis que ça va aller très mal voila enfin voilà au moins un bracelet électronique »

La procureur dit que « ici c’est pas l’endroit pour les conditions de détentions indignes, nous c’est un nouvel élément donc je demande le rejet »

Ilan dit tout penaud « je recommencerai jamais » et le fan-club s’en va.

La demande de remise en liberté est refusée.

Au tour de Maëlle née en 1997 en France, c’est une fille avec de la barbe elle pend des hormones et elle est accompagnée d’un groupe de schlagues y’a Zaz avec eux, enfin peut être enfin je sais pas.

Elle est accusée d’avoir participé à une manifestation du 1er mai après la dispersion, d’avoir dissimulé son visage, elle a refusé de donner son téléphone et ses empreintes je crois.

Là encore son avocate pointe un dysfonctionnement pour elle l’interpellation n’était pas régulière et c’est très confus car l’avocate on dirait qu’elle passe un stage de troisième elle se reprend sans cesse, parle de la cour de justice européenne, de jurisprudence elle ennuie tout le monde et la procureure met fin à ça en disant « oui bon y a le principe de réalité de maîtrise de l’ordre quand y’a une manif ! Et puis la cagoule portée par madame justifie l’interpellation c’est une infraction ! » car Maëlle avait une cagoule un 1er mai. La présidente demande à Maëlle de raconter : « je marchais dans la rue avec des amis » d’un coup un policier la plaque au sol « sans raison » la présidente demande quels objets Maëlle  avait sur elle en « marchant dans la rue » Maëlle reste vague, c’est la présidente qui s’y colle : cagoule, masques de respiration, masque chirurgicaux, lunettes de plongée, gants, bombe de peinture « et vous dites que vous n’étiez pas dans la manif ? » « c’est mon usage perso » dit  Maëlle « BIEN »

La procureure prend la parole « c’est très bien votre usage perso comme vous dites et quand vous dites en GAV aux policier je vous emmerde, c’est votre usage perso de la langue française ? Vous trouvez ça normal ? »  Maëlle Guevara dit « oui », elle a de nouveaux éléments depuis mai, elle a un métier : prof de SVT en lycée, la présidente réagit en levant les yeux au ciel encore une fois, elle demande à Maëlle si celle si accepterait des TIG 140 h, Maëlle ne comprend pas, la présidente lui dit que c’est la loi, le prévenu doit accepter l’idée des TIG, Maëlle ne comprend toujours pas elle dit « je vais réfléchir », la préside lui dit « bah non soit vous acceptez les TIG soit vous les refusez » Maëlle ne comprend pas elle le dit « je sais pas je comprend pas » son avocate est obligée de lui expliquer la procédure donc non Maëlle refuse les TIG et elle a raison : Maëlle est relaxée et son PV d’interpellation annulé, Maëlle n’entend pas le verdict elle est dehors en train de fumer avec ses potes, hasta siempre.

M Écrit par :

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