La secte de la buanderie

Jeudi 8 octobre 2020. 19ème audience.

Hier au tribunal, deux témoins sont venus déposer des témoignages très contradictoires sur Amar Ramdani, deux ex-compagnes. Le témoignage d’Agnès, qui décrit un Amar Ramdani qui se tourne peu à peu vers la religion, sème un doute. Ramdani est (très) intelligent, tout le monde le souligne. Il aurait réussi à dissimuler ce qu’il est ? Plusieurs questions sont à poser : les accusés sont ici jugés pour des faits de terrorisme, des faits très graves, et ne doivent être jugés que sur ça. Christophe Raumel a été accusé par son ex-compagne d’être violent, c’est peut-être le cas, mais ça ne doit pas être sa condamnation. Christophe Raumel est innocent des faits de terrorisme, il doit repartir libre du tribunal. Pour Ramdani c’est la même chose. Ramdani est un escroc, il ne s’en cache pas, peut-être qu’il a eu une pratique intense de la religion ça ne veut pas forcément dire qu’il savait ce que Coulibaly préparait. Il ne peut être jugé que sur ça. Depuis hier je pense à ça, même si Ramdani était un mec qui est d’accord avec les islamistes il en a « le droit », des milliers de personnes en France ont des opinions contraires à la République et seul un passage à l’acte peut être condamné.


Ramdani a-t-il acheté les armes ? Il n’y a aucune preuve, aucun ADN. Ramdani a-t-il financé l’action terroriste de Coulibaly avec les 200 euros donnés la veille des attentats ? Là encore aucune preuve et la somme est ridicule. Ramdani savait-il les projets d’attentats ? Rien ne le prouve et son comportement joue pour lui, il était effondré et en état de choc juste après. Ramdani a-t-il une pratique de l’islam radicale ? Peut-être, mais ça n’est pas le chef d’accusation. Bien sûr ça ne joue pas pour lui mais les faits et les accusations sont trop graves pour condamner un homme pour des opinions ou un comportement. Amar Ramdani doit continuer à être auditionné aujourd’hui, il faut creuser plus de choses, entendre plus de gens. Je vis avec les accusés depuis un mois, des personnalités émergent, j’ai plus d’affinité avec certains. Pour Amar Ramdani j’ai un peu trébuché  hier soir. Ramdani est tout à fait le genre d’homme qui pourrait me plaire. Est-ce possible que cet homme qui avait si bien parlé du témoignage de Sigolène Vinson en citant le poème de Boris Vian, cet homme peut-il mentir à ce point ? Être aussi dissimulateur ? Dans la salle j’essaie d’accrocher son regard régulièrement. Il est le numéro deux dans l’ordre des peines les plus dures, s’il n’est pas condamné pour les faits reprochés, qui le sera ? Malheureusement, plus le procès avance et plus je me dis que ces gens-là ne sont que des fusibles. Les mots de Me Coutant-Peyre les premiers jours prennent tout leur sens, elle avait parlé d’un procès « bidon » où les vrais accusés ne sont pas dans le box. Oui, ils sont tous délinquants, aucun « honnête citoyen » parmi eux. Oui, certains doivent être antisémites même s’ils font tout pour ne pas le dire. Oui, ils ont peut-être pour certains des opinions islamistes, non ils ne peuvent pas être condamnés pour ça, pas dans ce procès. Le tribunal doit rendre la justice pas un verdict pour contenter le Ministère public ou les Français.

Les trois copines de Jipé viennent discuter avec moi, elles montrent Jipé du menton : « Il est lourd. » Une fois dans la salle, Jipé demande à ses copines : « Elle fait quoi la dame ? » en parlant de moi. Il dit ça méchamment, sûrement parce que je lui ai volé ses copines. Elles se sont détournées de lui, peut-être parce qu’hier il a estimé que Aminata l’ex-compagne de Christophe Raumel « méritait un bon coup de pied au cul et encore c’est pas suffisant ».

Dans la salle d’audience, Riss, Sigolène Vinson, Simon Fieschi se caressent le dos, ils parlent à François Boucq qui dessine le procès magnifiquement. L’audience commence et le Président dit que Mohamed Sifaoui ne sera pas entendu, « la cour s’estimant suffisamment informée ». Me Saint Palais prend la parole, il explique qu’hier il a eu une modification de planning : le jugement devait être rendu le 10 novembre, ça ne sera pas possible. Il a été demandé de faire une audience le 11 novembre, jour férié, Me Saint-Palais : « Ça bouscule les règles de la République. Nous ne viendrons pas le 11 novembre, encore moins car on nous dit que c’est parce que le 12 il y a un problème technique. » Le Président prend note. Un avocat de la partie civile Me Korchia explique quant à lui que le délibéré tombe le 14 novembre, un samedi, jour de Shabbat, et que ça lui paraît assez inapproprié. Je suis d’accord avec lui, autant le jour férié réclamé pour Kippour était inopportun mais rendre un verdict où des gens ont été tués parce qu’ils étaient juifs un jour de shabbat est assez malvenu. Le Président dit que ça ne peut pas aller au-delà du 14 novembre « ou bien le procès sera annulé ».

Aujourd’hui c’est l’assesseur qui mène les débats. Il propose à Amar Ramdani de réagir sur les témoignages d’hier. Il se lève et explique qu’il n’a rien à dire, juste il revient sur le témoignage « d’Agnès, je pense que pour elle quand elle dit  radical  ça veut pas dire la même chose que pour vous, c’était la réaction d’une femme jalouse. » L’assesseur parle d’un témoin, Mehdi A., qui s’est fait porter malade. La discussion s’engage entre Amar Ramdani et l’assesseur sur ce témoin-là.


Mehdi A. était surveillant de prison dans laquelle était Amar Ramdani, c’est lui qui a été à l’origine de la rencontre entre Amar Ramdani et Emmanuelle. Mehdi A. s’entendait bien avec Amar Ramdani, aussi quand celui-ci a eu besoin d’une promesse d’embauche il l’a aidé, il a trouvé un ancien détenu, Fouad B., qui avait une entreprise de VTC et qui accepte de faire la promesse d’embauche pour une éventuelle libération conditionnelle d’Amar Ramdani : « Bon et là c’est encore une histoire rocambolesque, Monsieur l’assesseur… » En fait Fouad B. a été condamné pour des faits de terrorisme, « il était dans l’affaire de ceux qui ont cherché à faire s’évader Smain Ait Ali Belkacem [procédure ATWH] et il connaissait Coulibaly. Moi je le connaissais pas, c’est un hasard ! » Peut-être. Paris est un village. L’assesseur lui dit : « Et lui alors vous l’auriez mis dans quel téléphone si vous l’aviez connu ? » Me Daphné Pugliesi, avocate d’Amar Ramdani, monte au créneau : « Il ne l’a pas eu, la question n’a pas lieu d’être ! » Elle lit d’ailleurs une écoute téléphonique dans laquelle Amar Ramdani apprend le passé terroriste de son futur employeur et il est décomposé.


Jonathan X est aussi absent comme témoin. Il devait être là hier et même aujourd’hui, il ne s’est pas présenté. Il est garagiste un peu véreux et a acheté une voiture à Coulibaly et Amar Ramdani était présent. Sa déposition est lue, elle est contestée par Amar Ramdani. Le vendeur dit qu’Amar Ramdani a pris part à la vente de manière active, Ramdani dit que non. Un avocat partie civile demande pourquoi ce vendeur a été choisi par Coulibaly [le témoin Jonathan X a un nom juif]. Amar Ramdani : « Pas pour son nom si c’est ce que vous voulez savoir. Il payait en cash, forcément c’est intéressant. Il se serait appelé JIJI PING ça aurait été pareil. »

Le premier témoin physique du jour apparaît, il est très attendu, il s’appelle Miodrag A. Il est attendu car il était en prison avec certains des accusés qu’il appelait  apparemment « la secte de la buanderie ». Il arrive, molosse, nerveux et énervé. Il a 50 ans. On lui demande de lever la main et dire « je le jure », il demande « Laquelle ? » les gens rient. Il commence : « Je sais pas ce que je fous là, j’ai vu une personne pour vendre une voiture le 5 janvier 2015 et voilà. » La personne en question est Amar Ramdani. Ils se sont connus en prison, il était à la maintenance, Amar Ramdani à la buanderie. En prison il a connu aussi Nezar-Michaël Pastor-Alwatik et Coulibaly, il explique qu’il n’avait pas de problème avec les deux premiers mais : « Moi je suis chrétien et Coulibaly musulman, il refusait de me serrer la main. » Vu son gabarit moi je lui refuserais jamais ça. L’assesseur lui dit : « Vous avez quand même bien évoqué la secte de la buanderie… » et là ça démarre et tout s’écroule : « Attendez, ça c’est n’importe quoi. » « Je vous parle de votre déposition. Je vous la lis, vous dites : je connaissais Amar Ramdani, Alwatik et Coulibaly, ils faisaient partie de la secte de la buanderie. » « Non, ça c’est le policier qui dit ça. » L’assesseur poursuit : « C’étaient des intégristes musulmans, sauf Amar Ramdani. Amar Ramdani est peut-être un islamiste radical mais rien ne le laisse supposer. » Voilà la déposition. L’assesseur dit juste : « Amar Ramdani vous le voyez le 5 janvier, il vous propose un véhicule, vous montez dedans, c’est comme ça qu’on trouve votre ADN. » Le témoin s’énerve et commence à s’expliquer : « Attendez, moi on m’a arrêté en Slovénie, par un commando sur la route, alors que j’allais assister aux funérailles de mon père. En fait l’histoire de la secte c’est ça, moi j’étais au téléphone avec Nono, un copain, et je blague avec lui car il me demande si j’ai vu untel untel untel et moi je lui dis Ah! Me parle pas de cette secte-là ! C’est la police qui m’a mis sur écoute, moi je regrette d’avoir dit ce mot-là, les gens disent que je suis le père de cette formule-là. Ça me gonfle d’être ici ! » Il regarde Amar Ramdani et s’adresse à lui : « Moi j’ai tout perdu, ma femme et mes gosses à cause de ça ! » comme s’il donnait de ses nouvelles. Il dit que jamais Amar Ramdani et Nezar-Michaël Pastor-Alwatik ne l’ont insulté. Coulibaly l’a traité de kouffar une fois. L’audition est terminée, les questions vont arriver. Derrière il y a Riss qui caricature le témoin, il doit se régaler. C’est l’avocate partie civile toujours agressive qui commence et elle s’embrouille elle-même sur des faits, du coup le témoin lui demande des précisions et elle l’agresse alors lui aussi et le cirque commence. Me Saint-Palais, avocat d’Amar Ramdani : « Il faut reconnaître, Maître, que vous êtes tellement agressive que même les témoins ne veulent plus vous répondre… » l’avocate : « VOUS ETES SERIEUX ?! CA SUFFIT… » Ça crie fort, Me Korchia essaie de poser une question : « Je dois dire Monsieur que c’est la première fois que nous avons un témoin qui regarde autant l’accusé… » Horreur ! Malheur ! La défense hurle : « IL NE PEUT PAS DEMANDER CA IL FAIT CE QU’IL VEUT » pendant que le témoin se tourne vers Me Korchia et crie aussi : « ESPECE DE MYTHOMANE ! » et pendant que le Président hurle aussi : « MAITRE VOUS POSEZ UNE QUESTION CE SPECTACLE CE N’EST PAS CE QU’IL Y A DE MIEUX ! » Pendant ce temps dans son coin Me Coutant-Peyre se REGALE, elle a tellement le sourire de cet esclandre qu’on peut le voir malgré le masque, elle savoure, elle se délecte de la situation. Me Korchia arrive à poser sa question et demande pourquoi au téléphone il dit le mot « secte » et pas « équipe » par exemple ? Le témoin : « Écoutez, vous voulez me faire dire un truc sur la religion, y’a aucun rapport. Écoutez c’est simple, Monsieur le Président, moi j’allais en Slovénie, on m’arrête sur l’autoroute, commando, hélicoptère, on m’amène dans une maison en Slovénie… » Le gars raconte le film « Hostel ». En fait il parle tellement fort qu’il n’a même pas besoin du micro. « Bon là on me dit voilà je suis le père fondateur de cette phrase-là, genre les USA. » L’assesseur lui dit : « Écoutez, Monsieur, vous êtes un habitué des procédures judiciaires et là vous nous dites que vous n’avez pas relu votre déposition. » Le témoin répond : « Vous savez, les PV ça se modifie. Pfff police partout justice nulle part » en plein tribunal. La défense d’Amar Ramdani arrive : « Monsieur, vous pouvez nous en vouloir, c’est nous qui vous avons fait venir… Vous dites être sur écoute. Monsieur l’avocat général je n’exclue pas que vous nous produisiez ces écoutes. » L’avocat général, qui refuse totalement la possibilité d’avoir écouté le témoin : « Excusez-moi Maître, vous insinueriez que ce sont des écoutes sauvages non mises en procédure ? » Me Saint-Palais : « C’est une hypothèse que je n’ose émettre voyons ! » Il dit ça en grondant, ça chauffe, et il continue : « Oui… oui ! Ces écoutes nous intéressent, j’apprends… J’APPRENDS qu’Amar Ramdani qui le 16 janvier 2015 n’était pas encore interpellé, j’apprends qu’il était déjà recherché jusqu’en Slovénie. Écoutez-moi bien ça ne peut que nous émouvoir ! » Le témoin dit un gros JAMAIS lorsqu’on lui demande si Amar Ramdani aurait pu commettre un attentat, puis la défense de Nezar-Michaël Pastor-Alwatik pose des questions. C’est Me Marie Dosé l’avocate, elle veut savoir comment était son client en détention. Le témoin dit : « Il a juste changé de coupe de cheveux, il était tout fou on rigolait. » Le témoin regarde le Président : « Moi-même Monsieur le Président je suis un voyou et encore aujourd’hui mais j’y crois pas qu’ils [Amar Ramdani et Nezar-Michaël Pastor- Alwatik] étaient radicalisés. Si vous me le prouvez, je dirai alors qu’ils restent en prison ! Moi je n’ai jamais commis l’irréparable, jamais tué quelqu’un ! » Parole de voyou. « Est-ce qu’on peut dire que le mythe de la secte de la buanderie s’effondre totalement ? » « Oui. » Fin de l’audition, clin d’œil au copain Amar Ramdani, et c’est une suspension de dix minutes pour se calmer.

Un nouveau témoin arrive, Mehdi B., il était en prison avec Amar Ramdani. La discussion est très dure à obtenir, quand on lui pose des questions sur Amar Ramdani, il dit : « Faut lui demander, moi je suis témoin de moi, lui de lui. » Quand il a été interpellé il a sauté par la fenêtre ; à vingt-deux minutes de l’Hypercacher il détruit sa puce de téléphone après avoir reçu un SMS d’Amar Ramdani. Sa réponse : « J’aime bien changer de puce de téléphone… » Il dit qu’il ne se souvient même pas de ce qu’il a « mangé ce matin alors y’a cinq ans… » Le gars est vite expédié, tout le monde sait qu’on n’arrivera rien à en tirer et c’est la pause déjeuner.

Au retour, à la barre se trouve Yohan V., un ami d’enfance de Saïd Makhlouf. Il va le voir en prison le mardi et jeudi « avec sa maman ». Amar Ramdani a déclaré que le 6 janvier 2015 il donne 200 euros à Coulibaly, il va chez Makhlouf son cousin pour trouver l’argent, il ne trouve pas d’argent et appelle Makhlouf qui ne répond pas. Amar Ramdani ouvre la fenêtre de la cuisine de Saïd Makhlouf, interpelle des potes de Saïd Makhlouf dont Yohan pour qu’ils téléphonent à Saïd. C’est lors de cet évènement que la lanière du taser de Coulibaly aurait pris l’ADN de Makhlouf sur son canapé, c’est important. Le but de son audition est de savoir si c’est vrai. Yohan ne sait plus trop, c’est déjà arrivé qu’Amar Ramdani lui demande de téléphoner à Saïd Makhlouf, mais comme il a été interrogé 18 mois après les faits forcément il ne se souvient plus, il ne se souvient de rien en fait. Une avocate partie civile explique que les données téléphoniques n’ont rien donné mais Yohan utilisait peut-être une autre ligne. Il ne sait plus. L’avocat général : « Amar Ramdani dit qu’il a ouvert la fenêtre de la cuisine pour vous interpeller, ça vous évoque quelque chose ? » Yohan : « Pas vraiment », Me Pugliesi, avocate d’Amar Ramdani, sur le ton de « on est d’accord » : « Mais c’est possible ? » le témoin : « Oui. » « Plus de questions, Monsieur le Président. » Amar Ramdani a des avocats en béton, toujours là, Me Pugliesi est ma rock star, je l’adore.

Le Président lit la déposition d’un témoin qui est parti… en cavale ! Pareil, un ancien codétenu de Ramdani et compagnie. Le témoin dit : « Je fais des magouilles parfois légales, parfois non. Les attentats, j’ai un problème moral, théologique et pratique avec ça. L’islam est politique partout, en France on peut pas vivre sa religion, je suis pour l’Etat islamique mais pas d’accord avec leurs actions. Avec Coulibaly je discutais religion et politique, pas avec Amar Ramdani. Coulibaly voulait aller en Syrie. Quand j’ai su ce que Coulibaly avait fait, avec Amar on avait les boules. Amar m’a demandé si j’en voulais à Coulibaly de nous foutre dans la merde, moi je fais des escroqueries mais c’est tout, les armes c’est des peines à deux chiffres je veux pas ça. Si j’avais su ce que Coulibaly allait faire je l’aurais fui comme la peste car j’ai une fiche S. » Fin de la lecture de l’audition (En vrai ça a pris plus d’une heure.) Un nouveau témoin doit venir mais il manque le feuillet numéro 9 de ses PV d’auditions, il n’existe plus et c’est dommage car ça parlait de Willy Prévost. Son avocat demande à ce que l’audition soit reportée, demande largement acceptée par le tribunal qui se retrouve dans une situation compliquée avec cette perte de feuille.

Et voilà le témoin qui va mettre tout le monde d’accord. Jean-Pierre C., maçon, on dirait un lapin apeuré. Il connaît Coulibaly mais pas le côté religieux. Il faisait des tractions avec lui en prison. Il a l’air très sincère et parle avec une grande coopération. En prison, il travaillait à la cantine et je l’imagine sans problème donner un rab de purée aux copains qui demandent. Il dit : « Je n’ai jamais vu sa femme. » le Président : « Bah si, dans votre déposition vous dites en 2007… » le témoin : « Ah oui oui je l’ai vue, mais c’est interdit de regarder la femme d’un autre, pas dans la religion mais notre code. » Il dit ça en fait on dirait un sketch de Dieudonné dans « le divorce de Patrick » et qu’il imite la vieille institutrice y’a 20 ans. Il dit qu’il a vendu sa voiture à Coulibaly. Ses réponses font rire toute la salle, il dit oui à tout quasiment. Le président : « Vous lui deviez de l’argent ? » le témoin : « Ah non non. » le Président : « Bah, y’a pas une dette de shit ? » le témoin : « Ah oui oui c’est vrai ça. » A chaque fois qu’il dit quelque chose le Président lui dit : « Bah, écoutez, euh, NON c’est pas ce que vous dites en déposition. » Et la salle attend à chaque fois que le président dise ça pour exploser de rire. On est beaucoup à rire les larmes aux yeux. Il poursuit et dit qu’il avait acheté du shit pour sa consommation personnelle. Le Président : « Euh, NON, 3 kilos de shit, 8000 euros, c’est pas quatre barrettes de shit quoi. » « Ah oui oui c’est vrai que je m’emmêle un peu. », le Président : « Vous remboursez vite quand même vos dettes » le témoin : « Oui je suis réglo. » le Président : « Euh, non, réglo NON, quand on fait du trafic de shit et des escroqueries on n’est pas réglo. » La salle n’en peut plus, même les flics qui nous surveillent rient à fond. La défense lui dit : « En fait Monsieur, je ne comprends pas pourquoi vous êtes là vu qu’on est sur Amar Ramdani et que vous, vous nous parlez de Coulibaly… » Jean-Pierre non plus n’a pas l’air de comprendre pourquoi il est là. Il a un témoignage comme sa venue : ahurissant.

Le dernier témoin est aussi un ancien codétenu resté proche d’Amar Ramdani, Nezar-Michaël Pastor-Alwatik, et qui connaissait Coulibaly. Le 9 janvier, quand il a appris ce que Coulibaly avait fait, il était sur l’autoroute avec Nezar-Michaël  Pastor-Alwatik car ils allaient aux fiançailles d’un ami. Ils étaient tous les deux hyper choqués et sa déposition rejoint les autres codétenus : une ambiance « bon enfant » aucun mot sur « la religion » aucune discussion « politique ». Et c’est la fin de la journée. On en a fini avec Amar Ramdani. Il n’y a rien, rien, rien dans ce dossier, tout s’effondre.

M Écrit par :

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.