Lundi 21 septembre 2020. 10ème audience.
La semaine commence avec maintenant « l’Hypercacher ». Vendredi le Président a déclaré que les vidéos de Coulibaly ne seraient pas montrées : « Cela relève de mon pouvoir discrétionnaire, il est inutile de rajouter de l’horreur à l’horreur. » La vidéo dure plus de 7 minutes et sera parfois évoquée. Le commissaire D. revient à la barre pour nous faire la chronologie des faits concernant le 9 janvier 2015. Il revient sur le contexte, deux jours qu’il y a des attentats, à ce moment-là la police sait qu’Amedy Coulibaly est coupable et ils recherchent Coulibaly et sa femme, Hayat Boumeddiene. Le 9 janvier les frères Kouachi sont à l’imprimerie comme on l’a vu précédemment. 13h05, Coulibaly rentre dans l’Hypercacher. 13h06, il tire sur Yohan Cohen, 20 ans, il est blessé mais Coulibaly va l’achever par la suite. 13h08, Philippe Braham est tué. 13h12, Michel Saada client du magasin veut rentrer alors que la caissière baisse le rideau sur demande de Coulibaly, Michel Saada force et rentre, tout de suite il voit Coulibaly armes à la main, fait demi-tour, il est abattu par Coulibaly. A 13h12, au même moment des gens dans la rue ont téléphoné à la police pour prévenir de ce qu’il se passait. 13h15, un premier dispositif policier arrive. 13h18, Yoav Hattab, 21 ans, tente de s’emparer d’une kalachnikov, Coulibaly le voit, l’exécute en lui disant : « T’as voulu jouer ? ». Yoav Hattab est mort, à terre, Coulibaly lui donne un coup de pied au visage. En quinze minutes Coulibaly a tué les quatre personnes. 13h20, le commissaire D. est prévenu. 13h30 il est sur les lieux. 13h45 commence la négociation avec la BRI : « L’assaut est le dernier recours, on est dans le summum des difficultés, la personnalité de Coulibaly semble déterminée, il a beaucoup d’otages et il nous parle des Kouachi. » 13h42, Coulibaly demande à ce que les caméras du supermarché soient arrachées (il y en a seize). Il a dix-sept otages : neuf femmes, sept hommes (dont un enfant de 3 ans) plus un bébé. Dans le supermarché le téléphone fixe n’arrête pas de sonner. Il y aura 600 appels en une heure ce qui a rendu la négociation très difficile. Coulibaly regarde les chaînes d’info en continu, il laisse les gens manger dans le supermarché car il s’attend à une nuit très longue, il promet de faire un massacre si les frères Kouachi sont tués. Yohan Cohen, le jeune de 20 ans touché, agonisera pendant une heure, Coulibaly demandera aux autres otages : « Vous voulez que je l’achève ? » car il faisait « trop de bruit ». A 15h40, le contact est établi entre Coulibaly et les négociateurs. Trois appels de six minutes en tout. Il apparaît « calme, serein, aucune empathie, il nous parle de son armement, on sait que c’est pas bon signe ». A 16h00 il fait sa prière, à 17h10 l’assaut est donné : « A partir du moment où on neutralise les Kouachi, on y va pour Coulibaly. » Deux assauts sont donnés, un à l’entrée du magasin, un derrière : « Voilà le contexte de l’intervention ».
Au moment où Coulibaly rentre dans l’Hypercacher des gens tentent de s’enfuir (et y arrivent), d’autres vont « au sous-sol » se cacher vers les chambres froides, et d’autres restent sur la surface de vente, il reste donc ces deux derniers groupes. Coulibaly tente de faire remonter les gens qui sont au sous-sol mais ceux-ci ont entendu que Coulibaly tuait ceux du haut, alors ils refusent un temps. Yoav Hattab accepte de remonter, il voit l’arme, veut la prendre et il est tué. Coulibaly demande les noms, prénoms, religions et professions de tout le monde. Tout le monde est juif sauf deux personnes, il y a un catholique, Coulibaly a un sourire quand il l’apprend, et un autre qui s’intéresse au catholicisme et bouddhisme, Coulibaly leur pose des questions sur ça. Les négociateurs tentent de faire sortir le bébé et l’enfant et Coulibaly refuse, le bébé est dans la chambre froide, l’enfant de 3 ans sur la surface de vente. On passe aux photos. Le Président a dit que lorsqu’on verrait des photos dérangeantes on serait prévenus. Encore une fois c’est un raté, après la photo des lieux on a la photo d’un corps. Vite la photo est retirée, on passe à une photo de pain de mie à côté d’un carton où il y a les téléphones des otages regroupés, on voit des chargeurs de kalachnikov, une Go-pro, la réserve où la porte a été bloquée par une palette de sacs de farine. On voit les vingt bâtons d’explosif. Encore une photo de corps avec les cartons Pez à côté. On voit l’ordinateur de Coulibaly, dedans trente-trois fichiers quasiment tous cryptés sauf un qui dit « j’ai un AK47, un AK47 et 275 chargeurs, six tokarev avec 69 cartouches, trois gilets pare-balles militaires, trois gilets tactiques, deux bombes à gel et à gaz, deux gros couteaux et un choqueur [taser} », quatre adresses mails sont dessus l’ordinateur (« maximax, denisdenis, daviddavid »… à chaque fois il double le prénom), il y a un message codé de quelqu’un qui donne des ordres à Coulibaly : « Pas possible amis, travailler tout seul, préférence au premier truc prévu, aller au plus facile et au plus sûr et plus nombre pour recommencer plusieurs fois, peut-être grande ceinture si problème au centre c’est toi qui vois le mieux. Si possible trouver et travailler avec zigotos bien. Si possible expliquer dans deux vidéos que toi donner à zigoto les outils au nom de D, préciser lesquels. Ecrire lettre, dire moi charger de ta gadji et demander ce que tu veux comme ça reste avec nous sans problème, attention choisir plus facile pour esquiver, supprime après lecture.» Et il y a un texte écrit par Coulibaly : « Je veux que le frère s’occupe de ma femme dans les règles de l’islam, je voudrais pour elle qu’elle se retrouve pas seule qu’elle ait une bonne situation financière qu’elle ne soit pas délaissée. Surtout qu’elle apprenne l’arabe, le coran et la science religieuse, qu’elle aille bien religieusement, moi je fais ça pour la satisfaction d’allah le plus important c’est le dine et la foi et pour ça elle a besoin d’être accompagnée. Qu’allah vous assiste, salam » Un genre de testament donc. Sur l’ordinateur il a recherché les heures d’ouverture de l’Hypercacher, ainsi que des restaurants juifs dans le 16ème et 17ème.
Les photos continuent, on voit la doudoune de Coulibaly, un taser « acheté par Willy Prévost et Christophe Raumel ; on retrouve l’empreinte génétique de Saïd Makhlouf et celle de Nezar-Michaël Pastor-Alwatik ». Vient encore une photo qu’on n’attendait pas, celle du corps de Coulibaly. Le corps des preneurs d’otage est toujours mis à l’extérieur par les forces de l’ordre, avec les armes, donc Coulibaly est sur le dos sur le trottoir, mort. Quand il apparaît à l’écran des personnes soufflent et sifflent « Oulha », il a reçu vingt balles, il a un gilet camouflage, une montre bleue en plastique, il a le visage bien abîmé, et du sang partout. Il a un gilet pare-balles et un gilet « tactique » (un gilet avec des poches), il a 2650 euros en liquide sur lui. On le voit sous toutes les coutures, cinq photos de lui.
L’inventaire de ses armes : il était « surarmé ». Avec la photo des armes entre au procès enfin un nom tant attendu, celui de Claude Hermant. Claude Hermant est dans la nébuleuse de l’extrême droite, il a été déclaré coupable d’être trafiquant d’armes et il aurait vendu des armes pour ces attentats. Claude Hermant n’est pas dans le box des accusés, il serait un indic. Beaucoup disent que ce procès est bidon car il manque des gens. Lorsque les photos des armes de Coulibaly sont montrées, on nous informe de leurs origines : telle arme a été achetée par Claude Hermant et l’arme se retrouve à l’Hypercacher. Des ADN inconnus sont retrouvés sur les armes. Coulibaly avait « un armement très conséquent pour une seule personne, on peut se demander pourquoi ». Coulibaly va chercher à entrer en contact avec des médias, il parlera à BFMTV et à RTL. A 14h45, RTL prévient la police qu’ils ont réussi à joindre Coulibaly pendant trois, quatre minutes. En fait Coulibaly fait un monologue de quinze minutes qui nous sera retranscrit. On passe aux vidéos de l’Hypercacher, vidéos de camera surveillance, il y en a douze qui ont filmé la scène, on a vu donc douze fois le même moment filmé sous différents angles. On voit Coulibaly arriver à l’Hypercacher, s’équiper juste devant, il rentre à visage découvert, on voit deux personnes qui s’enfuient du supermarché, on voit Yohan Cohen se prendre une balle, Michel Saada qui tente de rentrer dans le supermarché alors que la caissière ferme le rideau et lui hurle de ne pas rentrer. On voit Michel Saada se faire tuer, s’effondrer, Coulibaly le traîne après, un sac à patate, cet homme est trainé comme un vulgaire sac à patates. On voit les clients entendre un coup de feu et s’enfuir dans le fond du magasin. On voit Philippe Braham mourir, juste avant Coulibaly lui dit : « C’est quoi ton nom ? » « Philippe » « Philippe comment ? » « Philippe Braham » Coulibaly tire, Philippe Braham meurt. On voit Yoav Hattab remarquer la kalachnikov, on le voit réfléchir puis prendre l’arme et avoir un problème, on le voit se faire assassiner et recevoir le coup de pied. On voit des gens s’enfuir de l’Hypercacher dont Lassana Bathily employé du supermarché qui aidera des gens à se cacher et qui aidera les forces de l’ordre en expliquant la configuration des lieux. On voit les forces de l’ordre mettre des explosifs sur la porte arrière. Le Président nous lit la retranscription de la Go-pro de Coulibaly, c’est incompréhensible car forcément il y a des tirs et du bruit donc le Président ne cesse de répéter tous les trois mots : « inaudible ». C’est aussi le discours d’un mec qui doit être sous l’adrénaline d’une tuerie donc un discours absolument pas construit, enfin c’est le discours de quelqu’un de très bête. Le Président lit d’une voix neutre, il ne veut pas que résonne ici la voix d’un terroriste et sa propagande. Voici les retranscriptions de sept minutes.
Coulibaly qui s’adresse aux victimes : « Allez mettez-vous ici ! »
Des otages : « Arrête s’il te plaît, arrête ! »
Coulibaly : « Viens fermer la porte ! Ceux qui bougent, il va voir, tu t’appelles comment ? » [C’est le moment où Philipe Braham est tué, le Président ne lit pas ce qui est dit à ce moment-là]
Coulibaly : « Écoutez-moi, si vous vous levez je vous allume. Le directeur il est où ? Va me le chercher, appelle le directeur, appelle-le, appelle-le, appelle-le, je tue les deux femmes sinon. » [les caissières]
Coulibaly : « Dis-lui qu’il a intérêt à venir dans 30 secondes, j’ai pas de réponse tu vas voir, je veux personne en bas, tout le monde monte ! Madame OH ! »
Une otage : « Oui Monsieur ? »
Coulibaly : «Vous avez pas entendu là ce qui s’est passé ces derniers jours ? Vous êtes de quelle origine vous ? »
L’otage : « Juif ! »
Coulibaly : « Alors vous savez pourquoi je suis là Allah Akbar ! »
Une otage : « J’ai mon bébé dans la voiture. »
Coulibaly : « Et alors tu veux quoi ? Tu veux le ramener ? »
L’otage : « Ma fille est seule. »
Coulibaly : « Votre fille est seule ? C’est ça, allah akbar, est ce que moi j’ai tué des femmes ? J’ai pas tué de femme pour le moment je suis pas comme vous, vous le savez très bien vous financez pas ? »
Fin des sept minutes de Go-pro. Vient la retranscription de RTL, Coulibaly et le journaliste se parlent (on ne sait pas de quoi) puis Coulibaly croyant avoir bien remis le téléphone fixe continue à parler aux otages mais RTL enregistre tout.
Coulibaly : « Moi je suis Français, s’ils vont pas attaquer j’aurais pas fait ça. Bachar, tout ça, l’Etat islamique, nous on fait la main coupée, la loi d’Allah pour 50 000 pays, tout ça c’est fini, il va y avoir de plus en plus de terroristes, ils vont être plus forts, vous allez voir ils vont se rallier à nous, l’Afghanistan, l’Irak, et vous diront d’arrêter d’attaquer l’Etat islamique, de dévoiler nos femmes, civil comment ça ? Vous dites ça, ça existe pas civil, déjà, chez nous, t’es combattant ou non combattant, si t’es non combattant t’es comme eux, civil ça existe pas, où j’en suis ? Vous votez pour des gouvernements, vous payez des taxes… »
Un otage : « On est obligé ! »
Coulibaly : « Non moi je paye pas mes impôts, 30% à la défense, 30% chais pas éducation, 30% agriculteurs… »
Un otage : « Mais moi je paye mes impôts pour avoir des rues propres et des bonnes écoles. »
Coulibaly : « Toi t’as le choix d’aller en Israël ou en Algérie. T’as qu’à mettre tous les individus là [les Français] faire des manifs et vous criez laissez les musulmans tranquilles, pourquoi vous le faites pas ? Celui qui me dit je suis pas d’accord, c’est la loi du talion tu connais ? Allah il a dit si on touche à un enfant, un vieillard, un combattant, si tu transgresses bah voilà, vous vous savez pas ce qu’il se passe dans un pays musulman, jamais ils arrivent à nous battre on va reprendre la France de l’est à l’ouest comme Ben Laden il a dit, on fera la paix en Palestine, on va salafer , vous vous voyez qu’un seul côté vous regardez que des chaînes de France mais l’Etat islamique il a aussi ses chaînes d’info… »
Et c’est la fin de la retranscription et la pause repas, le Président conclut en disant : « C’est quand même très décousu tout ça. » Ah oui.
Reprise à 14h où dans la file d’attente des complotistes et analystes géopolitiques très au fait de la situation mondiale grâce à des vidéos Youtube font part de leurs savoirs. D’abord ceux qui disent que : « A la place des otages moi j’aurais fait… » Bien sûr. Et puis : « Bon COMME PAR HASARD c’est des juifs encore VOILA ! Et Israël qui vient après… » Alors Israël vient où ? J’en sais rien et j’avais très envie de lui demander mais pourquoi s’infliger ça. Un procès où des victimes juives vont venir décrire leur shabbat tout ça mais… la perspective des réponses que j’imaginais déjà m’en a empêchée. Retour de Monsieur D. qui explique que Coulibaly à un moment donné va contacter BFMTV pour deux raisons : la première c’est qu’il regarde la chaîne et on dit qu’il n’a que cinq otages et aucun mort, il veut rectifier les informations. Ensuite il n’arrive pas à être joint par la police, sur le téléphone fixe trop d’appels sont passés. Il va donc prendre le téléphone d’un otage, appeler BFMTV qui va récupérer le numéro de l’otage et le transmettre à la police pour qu’enfin le contact soit établi.
Coulibaly : « Je veux négocier avec la police, donne-leur le numéro, tu veux des infos pour ta chaîne ? »
Le journaliste : « Oui vous êtes qui ? »
Coulibaly : « Je suis là car l’Etat français a attaqué le califat. »
Le journaliste : « Vous avez des instructions de quelqu’un ? »
Coulibaly : « Oui, du calife. »
Le journaliste : « Est-ce que vous connaissez les frères Kouachi ? »
Coulibaly : « Oui, on est synchronisés, eux Charlie hebdo, moi la police. »
Le journaliste : « Et là vous êtes avec votre femme ? »
Coulibaly : « Non je suis seul. »
Le journaliste : « Vous avez des revendications ? »
Coulibaly : « Je demande que l’armée Française se retire de tous les lieux. »
Le journaliste : « Vous vous adressez à François Hollande ? »
Coulibaly : « A tous ceux qui sont compétents. »
Le journaliste : « Vous êtes allés en Syrie ? »
Coulibaly : « Pas le budget. »
Le journaliste : « Et là vous dites que l’Etat français s’en prend aux musulmans, et là vous êtes là-bas pour quoi ? »
Coulibaly : « Parce que c’est juif. »
Le journaliste : « Et c’est quoi le rapport ? »
Coulibaly : « C’est tout l’oppression. »
Le journaliste : « Il y a d’autres groupes ? »
Coulibaly : « Vous croyez que je vais vous dire ça ? »
4 minutes 47 de conversation téléphonique.
Monsieur D. : « Il y a des choses qui peuvent être négociables. Là, les revendications sont aberrantes et nous on veut obtenir la libération des otages, un négociateur de la police n’aurait jamais énervé Coulibaly sachant qu’il avait des otages c’est tout l’inverse. » Les parties civiles posent des questions sur le traiteur à côté de l’Hypercacher qui a dû garder ses employés enfermés, sur ce que savaient les flics sur les otages, puis le commissaire D. explique que « ce qui a été très compliqué c’est qu’on avait tous les médias sur place. Coulibaly regarde BFMTV, I-télé, il voit ce qu’il se passe dehors, il va savoir que les frères Kouachi sont morts et on nous dit qu’on a une minute seulement pour rentrer dans les locaux avant que les chaînes télé le diffusent donc une minute pour donner l’assaut, c’est très peu. » Une avocate pose des questions sur les palettes de farine qui bloquent la porte de derrière. Il y a des questions sur : « Est-ce que les morts sont morts instantanément ou bien ils se sont vus mourir ? » Aussi des questions sur le GPS de Coulibaly qui indiquait un lieu de culte juif dans le 14ème. Enfin la répartition entre la BRI et le RAID pour savoir qui rentrait par où ? La BRI par la réserve, le RAID porte d’entrée. L’avocate de la LICRA demande pourquoi les Kouachi n’avaient pas de Go-pro pour filmer ? Monsieur D. explique que des Go-pro ont été retrouvées mais pas utilisées. L’avocat qui la semaine dernière avait déjà demandé à Monsieur D. pourquoi la photo de Coulibaly n’avait pas été diffusée avant le redemande, et il en reparle trois fois. Monsieur D. explique de nouveau pourquoi cette décision-là a été prise. L’avocat : « Cinq ans après ça vous pose pas problème ? » Monsieur D. explique encore une fois pourquoi il n’y avait pas vraiment d’alternative, même moi j’ai tellement bien compris que je pourrais l’expliquer. L’avocat (de la défense) qui refuse le masque : « Il y a cinq ADN inconnus sur les armes… Vous avez cherché ? » Monsieur D. : « BAH OUI ! » (En vrai il roule littéralement des yeux.) L’avocat : « Je reformule, avez-vous cherché l’ADN des accusés dans le box ? » Monsieur D.: « C’est systématique Maître. » L’avocat pose ensuite une question pour savoir qui donne le feu vert pour l’assaut, il répond que c’est le chef du RAID, celui de la BRI et le Ministère de l’Intérieur. L’avocat : « Vous êtes sûrs ? Parce que François Hollande a dit que c’était lui. » Monsieur D. : « Le Président n’est pas chef de l’administration, je dois ordre au Ministère de l’Intérieur mais j’ose croire qu’ils se sont concertés avant. » Me Coutant-Peyre arrive : « BON on va passer enfin… Les vrais responsables ne sont pas là, ça serait mieux. Bon les armes fournies par Claude Hermant, pourquoi les fournisseurs d’armes ne sont pas poursuivis moi je demande cette information au tribunal ! » Elle pose ensuite encore des questions sans intérêt. Une autre avocate de la défense : « Bien sûr Monsieur D. je ne vous demande pas de juger la procédure mais j’aimerais avoir votre sentiment, votre opinion… La présence de Claude Hermant à ce procès n’était-elle pas nécessaire ? » Monsieur D. : « C’est une question délicate. Il y a procédure en cours entre la France et la Belgique sur un trafic d’armes et ça sera jugé. De ce que j’en sais il n’y a pas de lien avec les attentats, j’ai pas à avoir d’opinion ou de sentiment. » Il est TRES mal à l’aise. L’avocat de Willy Prévost, Me Hugo Lévy veut revenir sur les acquisitions des Go-pro et des couteaux. Son client est accusé de les avoir achetés pour Coulibaly avec Christophe Raumel. L’avocat demande s’il y a un seul achat illégal dans ça. Monsieur D. répond que non, tout est en vente libre. L’avocate de Christophe Raumel Me Clémence Witt surenchérit, dit qu’avec son client et Willy Prévost se trouvaient deux autres personnes ce 27 décembre 2014 et ces deux personnes ne sont pas poursuivies. Pourquoi ? Monsieur D. : « Les quatre ont été placés en garde à vue. Monsieur Prévost avait fait plus d’achats, il avait acheté aussi le Scénic, et retiré le traqueur de la moto avec Christophe Raumel, les 2 autres sont des copains de quartier. » Me Coutant-Peyre revient : « Monsieur Hermant, bon on va appeler ça comme ça, Monsieur Hermant… vous savez que c’est un indic ? Des trois hein ! De la police, la gendarmerie et la douane. » Monsieur D. : « C’est ce qui se dit, oui. »
Plus d’autres questions et c’est la Maire de Paris Anne Hidalgo qui arrive à la barre. Un grand AAAH retentit dans ma salle, puis tous les avocats de la défense s’en vont sauf un. La venue d’Hidalgo est polémique à juste titre. Elle vient et fait un discours à vomir de récupération politique, indigne, forcément indigne. Elle commence en nommant les noms de toutes les victimes, c’est beau… on n’y croit pas. Elle parle de « mes amis, Charb, Patrick Pelloux, François Hollande, le préfet… », elle raconte avoir toujours soutenu Charlie Hebdo, elle raconte avoir été là pour les familles : « Mon ami Cabu, sa femme, mon amie Véronique », c’est insupportable. Elle dit aussi que c’est elle qui a trouvé un local à Charlie. Elle fait la même chose avec les gens de l’Hypercacher, parle de Ilan Halimi, de Mireille Knoll. Elle explique avoir vraiment cherché à ce que les médias se calment lors de la prise d’otages d’ailleurs : « Je les ai bousculés un peu. » et grâce à elle, les médias ont arrêté ! « Grâce à moi et un peu la police. » Quand même ! Me Klugman qui l’a convoquée l’interroge, elle parle des valeurs de la République, mais ça ne sert à rien dans ce procès ce qu’elle pense. Puis les autres avocats parties civiles et à priori sa venue faisait aussi débat chez eux. Un commence : « Ne le prenez pas mal, Madame… » et l’attaque sur la frilosité des politiques « ALORS ! » Une avocate partie civile qui parle beaucoup, elle bouillonne autant que moi ça se voit : « Vous avez récité les noms des victimes, Madame Hidalgo, connaissez-vous le nom des accusés ? » Bam elle s’y attendait pas ! Hidalgo : « Je ne le souhaite pas. » Un accusé dans son box : « Bah qu’est-ce que tu fous là alors ? » L’avocate qui bouillonne : « C’est bien ce qu’il me semblait. » et elle balance le micro. « MAITRE ! » crie le Président avec un rappel à l’ordre. Dans ma salle tout le monde se moque de la Maire de Paris. Le seul avocat de la défense qui est resté : « Pourquoi vous ne voulez pas connaitre le nom des accusés ? Jusqu’à preuve du contraire ils ont la présomption d’innocence. » Anne Hidalgo : « Je préfère penser aux victimes. » L’avocat de la défense : « Ces choses-là ne sont pas incompatibles et VOUS ETES DANS UNE ENCEINTE JUDICIAIRE MADAME ! ». Fin de l’audition et de ma journée.
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